Algérie

Le scénario égyptien fait peur Tunisie



« Nous ne pouvons pas nous permettre un scénario à l'égyptienne », affirme Kamel Lourdjane, président d'Al Moubadara (l'Initiative) qui pourrait se retrouver sous peu « interdit » d'activités politiques par la loi d'immunisation de la révolution. S'adressant au mouvement Tamarod qui multiplie des appels à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), le ministre des Affaires étrangères sous Ben Ali explique qu'en cas de dissolution de l'ANC, la Tunisie n'a pas les moyens pour surmonter une telle crise. Slim Riahi, fondateur du parti de l'Union des patriotes libres, « fustige » lui aussi les appels à la dissolution de l'ANC. Selon cet homme d'affaires, ces appels sont « irresponsables ». Ils risquent d'engager le pays dans la spirale de l'anarchie semblable au scénario égyptien, prévient-il. « Oubliez vos différends avec le mouvement Ennahdha et pensez à l'intérêt de la Tunisie et à la volonté de son peuple qui n'aspire qu'à la stabilité », dit-il aux partisans du scénario égyptien. Et d'ajouter : « la stabilité ne sera garantie qu'avec l'annonce de la date de la fin de la rédaction de la Constitution, celle des élections législatives, présidentielle et municipales ». Mohsen Marzouk, un dirigeant de Nidaa Tounès, met en garde contre la reproduction d'un scénario à l'égyptienne. « En Tunisie comme en Egypte, les islamistes ont dévié le processus transitoire pour le mener à une impasse » et que la Tunisie n'est pas à l'abri d'un revirement si « le coup d'Etat mené par Ennahdha et ses alliés ne s'arrête pas ». Selon ce compagnon de Béji Caid Essebsi, « l'échec des islamistes en Algérie, en Syrie et en Egypte traduit l'entassement et la fin de la vague islamiste ». Hedi Ben Abbès, le conseiller du président de la République chargé des affaires diplomatiques, estime que le mouvement Tamarod en Tunisie représente un danger pour le pays tout entier et non pas seulement pour la Troïka au pouvoir. « Ce mouvement sème la division entre les Tunisiens », dira-t-il appelant les politiciens à « faire preuve de responsabilité et à trouver un consensus sur la nouvelle constitution qui doit être exemplaire et représentative de tous les Tunisiens ». Certains analystes poussent plus loin leur « vision » de ce modèle égyptien. « Les parties qui poussent vers un scénario égyptien, y compris ceux qui font semblant de redouter ce scénario, visent réellement à balancer le pays dans un scénario à la syrienne ou à la libyenne », disent-ils. « Il est à craindre que nous aurons droit au spectacle d'horreur qui se joue à l'heure actuelle au Sinaï », préviennent-ils. En remettant les « clés » de la Défense au président Marzouki, le général Rachid Ammar a fait allusion dans son « discours d'adieu » à ce « scénario » quand il fait cas de la persistance de la menace du Chaâmbi et du risque de « somalisation » du pays. La Troika, qui est menée par Ennahdha, le mouvement qui a décroché 89 des 217 sièges de l'Assemblée lors des élections du 23 octobre 2011, revoit sa copie. Elle a menacé le mouvement Tamarod de ses foudres s'il venait à « se rebeller contre la légitimité ». Loin des mises en garde, Tamarod annonce qu'il a franchi le cap du million de signatures. Il espère atteindre, avant la fin du mois, selon Mohamed Bennour, son porte-parole, le seuil des 2 millions. Soit l'objectif que le mouvement s'était fixé pour « dissoudre » l'ANC « qui a perdu sa crédibilité et échoué dans sa mission première qui est de rédiger une Constitution ».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)