Le gouvernement marocain veut réformer au plus vite le système de fonctionnement de la compensation, de sorte à ce que les aides de l'état aillent directement aux plus démunis. C'est un peu plus de 50 milliards de dirhams qui sont dépensés annuellement depuis que les prix du brut ont grimpé à plus de 100 dollars/baril pour soutenir les prix des produits de large consommation: farine, huile, gaz butane...Une facture de plus en plus lourde qui grève le budget de l'état et sur laquelle le gouvernement voudrait opérer des coupes franches.
Trois scénarios ont été mis en place pour cette réforme par le Conseil de la Concurrence. Selon le président de ce conseil, Abdelali Benamor, la première proposition vise à corriger les dysfonctionnements affectant certains produits éligibles au soutien des prix, comme la farine. La proposition pour ce type de produit est de subventionner les minotiers qui pourront vendre la farine au prix du marché. Le second scénario consiste à appliquer simplement la loi 06.99 instaurant la liberté des prix. Mais, là, le problème sera de faire porter le prix de la bonbonne de gaz butane de 40 dirhams actuellement à plus de 120 DH. Un prix hors de portée de la plupart des ménages marocains. Le troisième scénario porte, quant à lui, sur une subvention directe aux ménages les plus pauvres du Maroc. ''Nous nous sommes dit qu'il faudrait peut-être commencer par libérer les prix étant donné qu'il est injuste que tout le monde achète la baguette de pain à 1,20 DH, du fait que dans le système actuel, tout le monde bénéficie du levier de la Caisse de compensation'', explique M. Benamor. Sa basant sur les données du Ramed (régime d'assistance aux populations démunies), le conseil a donc fait un virage à 380 degrés en estimant que l'on va résoudre ce problème de la compensation en donnant une subvention annuelle de 6000 dirhams aux 2,8 millions de pauvres - ou 560.000 ménages - du Maroc. Au total, l'addition de la caisse de compensation pour cette formule sera de 34 milliards de dirhams de subventions directes, alors que le budget actuel est de 52 milliards de dirhams. ''L'Etat sera donc gagnant !'', estime M. Benamor.
Une option qui ne fait pas l'unanimité
Récemment, le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Najib Boulif, avait clairement souligné les préférences du gouvernement à octroyer une aide financière directe aux catégories démunies et marginalisées et à une partie de la classe moyenne. ''A travers cette aide, le gouvernement permettra à la Caisse de compensation de retrouver sa vocation principale, à savoir "le soutien et la préservation du pouvoir d'achat des catégories démunies dans ce scénario''. Selon le PNUD, 2,5 % de la population du Maroc, évaluée à plus de 35 millions selon le dernier recensement, vit avec moins de 2 dollars par jour. Dans les années 1980 et 1990, plusieurs manifestations durement réprimées avaient été organisées au Maroc pour dénoncer la hausse des prix des produits de première nécessité. Les trois scénarios sont sur le bureau du chef du gouvernement. L'option de l'aide directe ne fait pas l'unanimité. L'une des objections est que les aides risquent de ne pas arriver aux citoyens pauvres concernés. Ces gens-là, note un analyste marocain, « ne peuvent être touchés que par le réseau du ministère de l'Intérieur qui dispose d'agents d'autorité disséminés partout. Le problème se pose au niveau du comportement de ces agents avec l'argent et avec les citoyens, un comportement en général peu honorable, et surtout à l'égard des gens les plus pauvres ».
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Posté Le : 08/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Merouane Korso
Source : www.maghrebemergent.info