Le sang coule, l'anarchie s'installe et la situation s'aggrave

Les affrontements ont repris pour la troisième journée consécutive au Caire et dans plusieurs villes égyptiennes. Selon un bilan officiel donné par le ministère de la Santé, 22 personnes ont trouvé la mort au cours de ces échauffourées.
Le chiffre est plus lourd selon d'autres sources qui indiquent qu'au moins 33 personnes ont été tuées. Selon la même source, plus de 1 800 autres personnes ont été blessées. Une contre-manifestation est prévue pour demain, qui devait réunir plus d'un million selon les organisateurs; ce qui va peut-être aggraver la situation. En effet, selon des témoignages, les affrontements se poursuivent au niveau de la place Tahrir au Caire et dans les rues avoisinantes. Les mêmes témoins indiquent que les manifestants lançaient des pierres et des cocktails Molotov en direction des policiers, dont certains, positionnés sur le toit d'un immeuble à proximité du ministère de l'Intérieur, proche de la place Tahrir, répliquaient avec des tirs de fusils et de balles en caoutchouc. «Achaab Yourid Iskat el mouchir», («le peuple veut la destitution du maréchal»), criaient les manifestants défiant les forces de l'ordre. Des incidents ont été signalés dans plusieurs villes égyptiennes surtout à Alexandrie, Al-Arish, Assiout, Sinaï et à Ismaïlia. Comme nous l'avons pressenti et donné dans notre précédente édition, des heurts ont éclaté à l'issue des funérailles d'un jeune tué samedi à Alexandrie. Des sources concordantes parlent de plusieurs dizaines d'arrestation. Cinquante, selon les autorités locales. L'annonce a été faite par le Conseil militaire du maintien des élections législatives. Profitant du sang qui coule un peu partout, certaines personnalités candidates à la présidentielle tentent de gagner la confiance des mutins. Tout au long de la journée du lundi, des milliers de manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir militaire, réclamant la chute du maréchal Hussein Tantaoui. Le désistement du ministre de la Culture actuel est annonciateur d'une probable démission du gouvernement provisoire dans les heures à venir. Une réunion urgente a mis aux prises le chef du gouvernement avec le président du Conseil militaire. Certaines sources parlent de la mise en place d'un gouvernement du salut pour sauver l'Egypte. D'autres voix interpellent les militaires à décréter l'état d'urgence pour sauver le pays. Les marches et les manifestations s'organisent ici et là en direction du ministère de l'Intérieur, des commissariats de police et des établissements militaires. Aujourd'hui mardi, une contre-manifestation devait avoir lieu pour demander l'arrêt des violences, selon plusieurs organisations politiques. Selon certaines informations qui laissent à confirmer, des armes ont été distribuées aux manifestants par des personnes inconnues. Si cette information se confirme, cet état de fait pourrait encore embraser la situation. Les dernières nouvelles annoncent la mort de deux hauts officiers de l'armée, dont un colonel à Al-Arish à la suite d'échanges de coups de feu avec un groupe armé, a-t-on appris de sources dignes de foi.