Tenue en pleine dynamique de réalisation du plan de développement 2010-2014, évalué à plus de 286 milliards de dollars dont 150 milliards de dollars pour le seul secteur du bâtiment et des travaux publics, la dixième édition du Saloninternational des travaux publics 'SITP 2012" (21-25 novembre) à Alger intervient dans un contexte marqué par la résurgence et l'amplification du scandale financier qui a éclaboussé le projet d'autoroute Est-Ouest.
Avec près de 340 exposants dont 145 exposants étrangers de 14 pays, ce salon qui se veut de 'renommée internationale", s'est articulé notamment autour des axes de 'la collaboration et les échanges avec des bureaux d'études d'envergure internationale en matière d'engineering et de transfert de technologie, ainsi que le développement et la promotion de la recherche appliquée dans le domaine des travaux publics". La perspective de gros marchés explique, en grande partie, l'engouement que cette manifestation a suscité comme du reste lors des précédentes éditions. Outre l'intérêt économique et financier, qui focalise en premier lieu l'attention des entreprises nationales et étrangères, l'exposition des innovations en matière de techniques de réalisation, et les échanges d'expériences entre professionnels, universitaires et chercheurs du secteur de TP, ont contribué, à l'évidence, au succès forum. Au-delà des aspects techniques, cette rencontre, tenue dans un contexte particulier, marqué à la fois par les opportunités d'investissements que recèle l'Algérie mais aussi par les dérapages relevés dans la passation de gros marchés publics, tels que ceux qui ont éclaboussé l'autoroute Est-Ouest, n'a pas manqué de susciter de nombreux questionnements autour de la nécessité d'éviter les erreurs du passé, d'autant que ce scandale, maintes fois évoqué par la presse et saisi par la justice, ressurgit de plus belle et remet au goût du jour, la question de la transparence et du contrôle dans l'utilisation des dépenses publiques. En fait, La problématique du financement des grands projets renvoie nécessairement à l'état d'avancement de la réforme du système financier et bancaire. Cette réforme, dont les premiers jalons ont été posés dans les années 1990 par la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit, s'impose comme une nécessité incontournable aujourd'hui, compte tenu de la raréfaction des ressources du pays conséquemment à la crise financière internationale et ses effets induits sur l'économie mondiale réelle.
L'Algérie, malgré ses réserves de change relativement confortables, se trouve face à un choix complexe. D'une part, elle devra poursuivre sa politique de développement économique et social et, d'autre part, éviter de recourir au financement extérieur au risque de remettre en cause sa démarche de désendettement anticipé qui a contribué à mettre le pays à l'abri des turpitudes du système financier international. Cette complexité est accentuée par l'instabilité des cours du pétrole, du moins tant que la croissance de l'économie mondiale ne repart pas réellement à la hausse. En contrepartie, cette option a permis de limiter l'impact de la crise financière internationale. Reste donc le choix entre différentes hypothèses. Il s'agit d'opter pour les modes de financement les mieux adaptés à nos réalités économiques et financières tout en tenant compte des pratiques universelles, pour ne pas demeurer en reste de la dynamique de globalisation de l'économie mondiale et des mécanismes de son financement. Dans une déclaration à un quotidien de la presse écrite nationale, Joseph Stieglitz, prix Nobel d'économie, a estimé à propos des réserves de change détenues par l'Algérie que 'détenir d'importantes réserves de change est un atout majeur pour le développement d'un pays à condition de bien les utiliser en favorisant notamment l'investissement à long terme pour instaurer une croissance durable".
Il est donc nécessaire de tirer les enseignements de l'expérience passée, aussi bien dans les modes de financement, que dans l'association des opérateurs nationaux publics et privés dans la réalisation des méga projets structurants. Comme il s'agira également d'impliquer les capacités locales d'études et d'ingénierie en association avec les partenaires étrangers dans les études de faisabilité, de rentabilité et de gestion de ces projets, pour permettre le transfert du savoir-faire. Au-delà des modes de financement, qui en définitive renvoient aux techniques bancaires et budgétaires usitées universellement et aux règles du mode de gouvernance, il importe pour les pouvoirs publics algériens, de veiller, à travers les institutions de contrôle compétentes, à la régularité et à la transparence des modes de financement ainsi qu'aux conditions de passation des marchés publics relatifs aux grands projets.
A. H.
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Posté Le : 28/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A HAMMA
Source : www.liberte-algerie.com