Algérie

Le saint et le sain


L'intense débat qui a lieu dans tous les pays musulmans sur les éventuelles incidences du grand et petit (omra) pèlerinage aux Lieux saints de l'Islam sur la santé des fidèles à cause de la grippe porcine ne semble pas intéresser nos responsables. Comme toujours, l'Algérie se singularise comme si le risque ne nous concerne pas. A la place d'un dialogue entre scientifiques et gens de la religion qui aurait pu aboutir à la meilleure conduite à tenir, on a droit à un monologue servi sur un ton monocorde par les autorités chargées du culte professant ex cathedra qu'il n'est pas question d'annuler le hadj ! Mais de quel droit divin ou positif le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs et son directeur de l'office du pèlerinage prennent-ils le risque d'envoyer au purgatoire de la grippe porcine des milliers d'Algériens qui souhaitent revenir sains et « saints » de la maison de Dieu ' Pourquoi cette légèreté dans le traitement d'une question potentiellement dangereuses sur la santé publique ' Les ministres des pays musulmans réunis il y a quelques jours au Caire sous l'égide de l'OMS avaient recommandé d'interdire le pèlerinage et la omra aux malades chroniques, aux enfants de moins de 12 ans et aux personnes dont l'âge est supérieur à 65 ans du fait qu'ils sont plus vulnérables au terrible H1N1. Réponse du responsable du hadj : « Nous ne sommes pas concernés par les orientations de la conférence du Caire ! La majorité de nos inscrits dépasse l'âge de 65 ans, on ne peut donc priver des milliers d'Algériens d'aller accomplir leur hadj. » Et si d'aventure un tiers de nos 36 000 futurs hadjis venaient à choper le virus, notre cadre s'en laverait bien sûr les mains.Les autorités sanitaires auraient alors bon dos pour leur coller l'opprobre. A l'heure où dans d'autres pays pas moins musulmans que l'Algérie, on prend des mesures préventives pour éviter la catastrophe, chez nous le ministère des Affaires religieuses et ses auxiliaires s'affairent à ficeler les programmes de départ. L'Iran, qui passe pour être un modèle de rigorisme à ne pas copier, a pourtant pris les devants en décidant, hier, non seulement d'interdire la omra du Ramdhan mais également d'arrêter tous les vols vers l'Arabie Saoudite. Son ministre de la Santé, Mohammad Bagher Lankarani, ne s'est pas fait prier pour donner ses raisons : « Le risque de propagation de la grippe porcine ! » En Tunisie, la mesure a été prise depuis juin dernier alors que les autres pays, notamment l'Egypte, ont mis en application les recommandations de la conférence du Caire mais surtout la sagesse populaire qui professe : « Mieux vaut prévenir que guérir. »Jusqu'à quand continuera-t-on à jouer les bigots au risque de mettre la vie ' si sacrée en Islam ' des Algériens en péril ' A moins de vouloir organiser un aller sans retour à nos vieux hadjis, il n'est pas sain ' et pas « saint » non plus ' de faire prévaloir le c'ur sur la raison. Les réactions épidermiques, mais pas forcément catholiques de certains responsables, ne doivent pas prendre le dessus sur le devoir de l'Etat de protéger les citoyens contre un risque bien réel. A Dieu ne plaise. Amen.
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