Algérie

Le sahel face à son destin



Le sahel face à son destin
Le président français a appelé, hier à Abou Dhabi, les monarchies pétrolières du Golfe à soutenir l'effort de guerre de son pays au Mali sur les plans «logistique et financier». Le lieu semble être bien choisi pour une telle déclaration, car certains Etats du Moyen-Orient appuient ouvertement les groupes islamistes installés de longue date au Sahel. Comme ils encouragent encore d'autres groupuscules opérant en Syrie, au Liban, au Yémen, au Pakistan et même en Afghanistan. François Hollande, qui y participe à un Sommet sur les énergies renouvelable, a indiqué que l'opération Serval, lancée par l'armée française contre les rebelles touareg et les groupes terroristes, va se poursuivre et s'intensifier dans les prochains jours. Les 750 militaires engagés présentement au Mali seront progressivement rejoints par 1 750 autres pour, dit-il, «céder ensuite la place aux forces africaines dans les plus brefs délais». Les Etats membres de la communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont le Nigeria et la Côte d'Ivoire, comptent y engager incessamment une force de 3 500 hommes. L'intervention française vient en réponse à un appel du gouvernement malien, incapable de contrer l'offensive terroriste qui menace le reste de son territoire. La guerre est, donc, engagée. Les efforts diplomatiques de l'Algérie pour un règlement politique de la crise malienne n'ont malheureusement pas abouti. La responsabilité incombe aux autorités maliennes qui ont tardé à ouvrir des canaux de dialogue avec les révoltés touareg afin de tirer le tapis sous les pieds des organisations terroristes comme Al-Qaïda et le Mujao. Comprenant l'impact d'un éventuel accord de cette nature sur leur présence dans la sous- région, ces derniers, bien entraînés et qui se sont lourdement équipés dans les arsenaux libyens à la chute de la Jamahiriya, avaient déclenché l'offensive qui a débouché sur la guerre et le sabordage des premiers contacts entre les deux parties au Burkina Faso. Cette guerre, qui s'annonce longue et sanglante, est porteuse de sérieuses conséquences pour l'Algérie, qui partage une longue frontière de plus de
1 300 kilomètres avec le Mali. Des cohortes de réfugiés commencent déjà à se constituer aux frontières de notre pays. Aux premiers jours du conflit armé, le HCR estime déjà le nombre de déplacés à 400 000 personnes qui fuient les bombardements vers les pays voisins. Cet énorme flux humain exige un traitement sécuritaire, d'importants moyens d'accueil à mettre en place et une assistance de tous les jours. Tout cela a un prix exorbitant. Al-Qaïda et le Mujao, qui avaient déjà revendiqué des attentats contre l'Algérie et détiennent encore les membres de sa mission consulaire à Gao, ne manqueront pas d'infiltrer cet exode dans le but évident de commettre d'autres attentats. En plus de ce souci immédiat, on devrait, d'ores et déjà, penser à l'issue de cette guerre d'usure. Même si on réussit à défaire les bandes terroristes, leurs résidus toxiques constitueraient une source d'inquiétude pour les pays de la région, qui peinent à contrôler leurs frontières. La récente rencontre entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye pour une meilleure surveillance des frontières est annonciatrice des dangers encourus par l'ensemble de la sous- région. Le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso encourent les mêmes risques. Au point où en sont les choses, tout le monde a intérêt à éradiquer complètement le péril terroriste incarné par Al- Qaïda, le Mujao et Boko Haram. Ce sont les cibles prioritaires à abattre sans délai. Evidemment, il ne suffit pas de frapper d'une main de fer. Il faut surtout mettre leurs financiers et bienfaiteurs du Golfe devant leur responsabilité une bonne fois pour toutes. Mais cela est déjà un autre discours.
K. A.


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