Ban Ki-Moon, nouveau secrétaire général de l'ONU a publié, jeudi, son premier rapport sur le Sahara Occidental dans un contexte marqué par de nouvelles propositions émanant aussi bien du Maroc que du Polisario. Dans la même veine que celle de son prédécesseur, Kofi Annan, le rapport de Ban Ki-Moon passe au plus urgent: l'appel à une autre rallonge de six mois du mandat de la Minurso dont la présence, écrit-il, «reste essentielle pour le maintien du cessez-le-feu au Sahara Occidental». A défaut de pouvoir mettre en oeuvre ce que prévoit sa propre dénomination: «la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental», la Minurso continue d'être investie du rôle de veiller au «gel» du conflit. En matière de solution, le SG de l'ONU, tout comme son prédécesseur, ne voit que deux possibilités: le maintien du statu quo actuel de manière «indéfinie» ou bien «des négociations sans conditions préalables entre les parties, qui auraient pour objectif de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable permettant d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Â Cette voie reste problématique du fait que l'accord n'existe pas «sur la manière de permettre au peuple du Sahara Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination». Comment, en effet, assurer l'exercice du droit à l'autodétermination, à nouveau réaffirmé, alors que les termes de l'impasse sont, encore une fois, clairement posées? Le secrétaire général de l'ONU est resté prudent sur le «plan d'autonomie» marocain et les dernières propositions du Polisario, en déclarant accueillir «favorablement tout effort que les parties déploient en vue de parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable qui permettrait d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». En fait -à moins d'un chamboulement, plutôt improbable, de la position du Conseil de sécurité qui adouberait le plan marocain, le secrétaire général de l'ONU ne voit de déblocage possible que par des négociations directes «de bonne foi et sans conditions préalables», entre le Maroc et le Polisario. Â Le problème est que le Maroc, dont le projet d'autonomie a été remis au secrétaire général de l'ONU, pose une condition préalable de taille: pas de référendum d'autodétermination. On devine très clairement dans ce préalable, la conviction du régime marocain -la seule qu'il partage avec le Polisario- que le référendum d'autodétermination débouchera sur le choix de l'indépendance. Un préalable qui pose un sérieux problème à l'ONU dont toutes les actions et résolutions de ces trente dernières années étaient centrées sur la mise en oeuvre du référendum d'autodétermination. En dépit du soutien de Paris et, à un degré moindre de Madrid, le Maroc n'arrive pas à convaincre qu'un référendum portant sur la seule autonomie correspond à ce que la légalité internationale entend par référendum d'autodétermination. Le Polisario, qui a fait de nouvelles propositions pour qu'un éventuel choix des Sahraouis pour l'indépendance ne soit pas déstabilisant pour le Maroc, fait valoir, par la voix de Mohamed Abdelaziz, président de la RASD qu'il ne pose pas de préalables. «Ces propositions offrent aussi, et contrairement à celles avancées par le Maroc, trois options, à savoir: l'indépendance, l'intégration au Maroc ou l'autonomie». M. Abdelaziz a jugé «équilibré» le rapport de Ban Ki-Moon car il insiste sur le fait que «l'autodétermination constitue la seule solution au conflit du Sahara Occidental». Il a appelé le Conseil de sécurité à exercer les «pressions nécessaires» sur la partie qui «bloque le droit international et viole les droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental». Alger, de son côté, a salué le rapport du secrétaire général qui fait preuve de «constance» sur la question du «libre exercice par le peuple sahraoui de son droit naturel et inaliénable à l'autodétermination». Hormis, l'appel à des négociations directes, le rapport de Ban Ki-Moon ne bouleverse par le statu quo. On voit mal, au vu de positions diamétralement opposées, ce que ces négociations directes pourraient apporter, mis à part de permettre à l'ONU de se retirer du jeu sur la pointe des pieds. Certains avancent que le Maroc pourrait mettre l'autonomie sans attendre l'approbation, problématique du Conseil de sécurité. Mais cela ne change rien à la situation juridique des territoires sahraouis et ne constitue pas une solution au conflit. On risque bien de rester dans l'impasse «illimitée».
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Posté Le : 21/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com