Algérie

Le Sacrifice perd de son attrait à Béjaïa



Le Sacrifice perd de son attrait à Béjaïa
Dans les villages on opte le plus souvent pour un rituel collectif au détriment de l'individuelA quelques jours de la fête de l'Aïd El Adha, les dizaines de marchés qui s'invitent en cette période commencent à renouer avec un engouement de plus en plus accru. Les traditionnels maquignons et ceux qui s'inventent ce métier le temps de la période se frottent les mains et entreprennent déjà d'augmenter sensiblement les prix.Alors que jusqu'à avant-hier la différence relevée s'articule en 4000 et 8000 dinars comparé à l'an dernier, depuis hier, celle-ci se rétrécit un peu plus et à ce rythme on risque d'égaler les prix pratiqués l'année dernière. «Les prix des moutons varient entre une minimum de 30.000 et un maximum de 60.000 dinars», nous expliquait il y a deux jours un maquignon connu sur la place publique de Béjaïa, mettant en valeur la baisse sensible en comparaison avec la précédente fête. Notre interlocuteur souligne cependant le peu d'engouement chez le consommateur qui jusqu'à hier, se montrait hésitant.Il est utile de préciser que la fête de l'Aïd intervient cette année dans une conjoncture de fortes dépenses. Après une période de vacances assez saignante, les ménages font face à une rentrée scolaire tout aussi douloureuse pour la bourse et l'Aïd s'invite comme pour achever les derniers efforts.Une situation qui n'échappe à personne ici à Béjaïa où les ménages s'éloignent de plus en plus des aspects «traditionnels» liés aux fêtes religieuses. Cet éloignement s'illustre de deux manières, soit dans les villages on opte le plus souvent pour un sacrifice collectif au détriment de l'individuel, dans la ville on va jusqu'à bouder la fête de l'Aïd El Adha en se contentant de quelques courses nécessaires pour le rite sans trop mettre la main à la poche si toutefois il en reste quelque chose.Cette évolution que tout un chacun peut interpréter à sa manière trouve sa raison d'être dans la cherté de la vie et plus particulièrement du mouton pour le Sacrifice. Agissant par conscience et intelligence, les villageois de la Basse Kabylie ont trouvé l'astuce tout à fait légale et conforme aux principes de l'islam, selon les religieux. Devant la flambée des prix du mouton, les habitants ont opté pour un autre rituel autrement moins coûteux et plus profitable: le sacrifice d'un bovin à la place du mouton de l'Aïd El Kébir a été privilégié par les citoyens. Cette pratique, qui était en vigueur notamment à l'occasion de l'Aid El Fitr, s'applique désormais depuis quelques années au Sacrifice de l'Aïd El Adha. Ce fait nouveau est vécu dans beaucoup de localités de la région.Dans les villes, les ménages boudent l'événement, notamment dans son volet du Sacrifice. «J'ai les moyens financiers suffisants de le faire mais par principe je boude cette fête. Vous vous rendez compte un simple mouton coûte 70 000 dinars, soit cinq fois le Smig!», explique un habitant du quartier Séghir qui rêve de voir son avis partagé par d'autres citoyens et pères de familles à ce sujet. D'autres avancent plutôt l'argument de moyens matériels, à savoir les difficultés rencontrées dans l'opération de sacrifice mais également tout ce qu'elle induit comme conséquences sur l'environnement et la santé publique pour une catégorie de citoyens, qui évitent le recours au sacrifice. Le père de famille qui, il y a quelques années seulement, se sentait dans l'obligation d'égorger un mouton, retrouve aujourd'hui quelque peu sa liberté d'agir en optant pour les solutions les plus simples.


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