Algérie

Le royaume sous tension


Les forces antiémeute se sont déployées massivement sur les principaux axes routiers de Manama pour empêcher une marche à laquelle ont appelé des militants, vers la place de la Perle, lieu symbolique de la contestation. Des manifestants avaient observé un sit-in du 14 février à la mi-mars 2011 sur cette place avant d’en être violemment chassés par les autorités, qui y ont rasé le monument central. Le chef de la sécurité générale, le général Tarek Al Hassan, a mis en garde contre «les appels provocateurs sur les réseaux sociaux à des manifestations ou des activités illégales, menaçant la sécurité et l’ordre public». Dans les banlieues chiites de Manama, des affrontements ont opposé dans la nuit et jusqu’à l’aube des manifestants à la police qui les a dispersés. Plusieurs personnes ont été blessées, mais ont préféré ne pas se rendre dans les hôpitaux gouvernementaux de peur d’être arrêtées. Des protestataires revendiquent une monarchie constitutionnelle et prônent la poursuite d’une résistance «pacifique» à la répression policière. D’autres contestataires appellent au renversement du roi Hamad Ben Issa Al Khalifa. De leur côté, les «Partisans de la révolte du 14 février à Bahreïn»,  qui ont appelé à marcher sur la place de la Perle, ont affirmé dans un communiqué qu’il n’y aurait «pas de dialogue jusqu’à la chute du régime». Des milliers de personnes ont participé dimanche soir à un rassemblement dans une localité chiite près de Manama, au cours duquel le chef du Wefaq, principal groupe de l’opposition chiite, cheikh Ali Salmane, a dénoncé «la dictature» des Al Khalifa, la dynastie sunnite au pouvoir, et appelé à «un régime démocratique et à la bonne gouvernance». Il a ajouté qu’une reprise du dialogue avec le régime, rompu en juillet, devrait désormais se faire d’égal à égal. «Il n’y aura point de dialogue entre esclaves et maître», a-t-il dit sous les applaudissements. De son côté, le roi Hamad a déploré «l’absence d’une opposition unifiée»  pour servir d’interlocuteur avec le gouvernement, dans un entretien au quotidien allemand Der Spiegel, dont des extraits ont été publiés hier par l’agence officielle Bna. Comme il a nouveau accusé «certaines parties» en Iran de vouloir «porter atteinte à la sécurité et à la stabilité» de Bahreïn. Justifiant ainsi le recours aux troupes du Golfe, notamment saoudiennes, qui sont intervenues en mars 2011 pour écraser le soulèvement populaire.
Les réformes ne sont pas appliquées, selon Amnesty
Par ailleurs, l’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a indiqué hier que Bahreïn n’a pas mis en œuvre les réformes recommandées par une commission d’enquête indépendante sur la répression de la contestation qui a fait, selon l’organisation, au moins 55 tués en un an. Dans un communiqué, ladite organisation a relevé que «le gouvernement de Bahreïn est encore loin d’opérer les changements en matière des droits de l’homme», proposés par la commission indépendante. Ainsi, «les victimes et les familles es victimes de graves violations» des droits de l’homme «attendent toujours»  que «justice» leur soit rendue, a observé la directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Hassiba Hadj Sahraoui. L’organisation a appelé Manama à «autoriser les manifestations pacifiques», prévues par des militants ou l’opposition pour marquer le premier anniversaire du mouvement de contestation, lancé le 14 février 2011. La répression de la contestation s’est soldée par 35 morts. Soit 30 civils, dont 5 décédés sous la torture, et 5 membres des forces de sécurité, a indiqué la commission indépendante dans son rapport rendu en novembre. Amnesty a fait état hier «d’au moins 20 autres morts» dans les heurts qui se sont poursuivis, portant ainsi le bilan à au moins 55 personnes tuées en un an. «Les forces de sécurité ont continué à avoir recours à un usage excessif de la force contre les manifestants», a constaté l’organisation, faisant état de la mort de «plusieurs»  protestataires comme «résultat direct ou indirect de l’utilisation inappropriée du gaz lacrymogène». Elle accuse Manama d’empêcher un libre accès à l’information sur les procès des policiers accusés d’abus durant le soulèvement. Le gouvernement a affirmé que «48 agents de sécurité avaient fait l’objet d’une enquête sur leur rôle dans la répression des manifestations», mais «seuls huit policiers»  ont été «traduits en justice».
 
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