Algérie

Le roman de Yasmina Khadra adapté au théâtre: «L'Attentat» sur la scène d'Oran



Après Hollywood qui adapte le roman de Yasmina Khadra pour le cinéma, «L'Attentat» est adapté au théâtre à Oran par Mourad Senouci, connu par sa dernière création «Moutazaouedj fi otla», sacrée meilleur spectacle de l'année.

Le projet, lancé il y a dix mois par Azri Ghaouti, directeur du théâtre d'Oran Abdelkader Alloula, se concrétise. Répétitions et enchaînements battent «leur plein». La générale est prévue le 23 avril prochain, en présence de Mohammed Moulessehoul.

Théâtraliser «L'Attentat» de Yasmina Khadra, proposer son adaptation à Mourad Senouci et inviter le public à la représentation de ce roman traduit en langue théâtrale, voilà la gageure. C'est une première à Oran et dans le monde. S'attaquer à l'oeuvre de Yasmina Khadra n'est pas une mince affaire.

«Autant l'auteur du roman a fait dans le détail, autant le théâtre étant un moyen et une fin, je me devais de faire dans la synthèse», nous dit Mourad Senouci, avec la modestie qui caractérise ceux qui maîtrisent leur sujet. «Il m'a fallu sept mois pour proposer une première mouture, que j'ai dû revoir sous les conseils éclairés de l'auteur lui-même et du metteur en scène. Cela a donné la pièce ‘Essadma'».

Pour ceux qui n'ont pas eu la chance ou l'occasion de lire «L'Attentat», c'est l'histoire d'un chirurgien arabe israélien si bien intégré dans la bonne société israélienne de Tel-Aviv qu'il finit par oublier que les clameurs de la guerre ne sont pas si lointaines. Mais tout bascule pour lui le jour où il apprend que sa femme, avec qui il croyait vivre le parfait bonheur, s'est fait sauter au milieu d'un restaurant de Tel-Aviv. Mort d'hommes et d'enfants. Ce qui le pousse à faire son enquête aux recoins les plus inquiétants de l'âme humaine, là où se décide le destin de kamikaze.

Le roman, ainsi que son adaptation,lèvent le voile sur un monde effarant dominé par la haine. Palestiniens et Israéliens sont mis dos à dos. La trame renferme tout et son contraire : la tendresse dans la rage, la peur et l'apaisement dans les foudres mêmes de l'existence. Non les kamikazes ne sont pas tous des fous ; oui les Palestiniens veulent se venger des humiliations subies ; même si les attentats sont bien sûr inacceptables, que reste-t-il à ceux qui ont tout perdu à part la lutte armée ?

Que reste-il du roman de Yasmina Khadra revisité par Mourad Senouci ? L'Attentat y est, la tension dramatique du roman est respectée, la trame est légèrement aménagée pour des exigences scéniques. L'exercice n'était pas de tout repos. Le texte dramatique est écrit dans un arabe très fluide. Très simple. «Le spectacle étant destiné à différents publics, je me devais d'éviter les spécificités linguistiques propres à une région donnée et me rapprocher un tant soit peu de l'universalité», nous disait Mourad Senouci.

Assisté par Fadéla Hachemaoui «Essadma» est mise en scène par Ahmed Khoudi, metteur en scène reconnu et enseignant à l'Institut d'art dramatique et de l'audiovisuel de Bordj El-Kiffan. Le casting, parce que pour la première fois il y a eu casting à Oran, a duré des jours. Seuls trois comédiens du TRO ont été retenus. Himour, Belkaïd et Hammouda qui évolueront aux côtés de Ferri Mehdi, Djerrour, Hissam, Hasnaoui, Belakili, Chalabi et Achour ; des amateurs venus de différentes régions du pays. Des noms sur une première affiche professionnelle. Des noms à retenir.

«Pris dans mon propre jeu, j'ai dû, sur la demande du metteur en scène, acheter un exemplaire de ‘L'Attentat' de Yasmina Khadra pour chaque comédien», nous dira Azri Ghaouti, nullement étonné que le metteur en scène oblige les interprètes à la lecture de l'oeuvre pour cerner l'incarnation de leurs personnages et mieux refléter leur psychologie.

Le metteur en scène, en fin professionnel, a su habilement esquiver les clichés pour que seule subsiste la représentation de la barbarie parlant à tous. La mise en scène bien rythmée porte bien le texte. En attendant de voir les comédiens évoluer dans l'ensemble des éléments esthétiques, décors, costumes, lumière et musique, "Essodma" présage d'un «Attentat» qui ne manquera pas de retentissements.




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