Algérie

Le rôle de la mémoire en débat



Le 59e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie a été une nouvelle occasion pour les historiens de se pencher sur la question de la préservation de la mémoire nationale et d'ancrer les principes de la guerre de Libération chez la jeune génération. C'est dans cet esprit que des personnalités nationales et des universitaires spécialisés dans l'histoire ont engagé, hier, sur les ondes de la Radio Chaîne I, un débat sur le rôle de la mémoire dans la préservation de la souveraineté nationale.Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Les intervenants étaient unanimes à souligner l'importance de la mémoire dans le processus de construction de l'avenir de chaque pays. «Sans mémoire, nulle souveraineté», conviendront-ils. Néanmoins, ces experts estiment qu'il est nécessaire d'engager un travail de fond sur la question de la distinction entre l'histoire et la mémoire. Relevant cette nuance, le professeur Ahmed Adimi explique que la notion de mémoire est le fruit de souvenirs d'une collectivité ou d'une communauté. Plus que cela, «c'est un sentiment qui habite les individus issus d'une même nation et qui ont la même identité», fait-il savoir, en relevant que la mémoire revêt, par conséquent, un aspect affectif. Pour ce qui est de l'histoire, en revanche, elle «renvoie au récit d'une succession d'événements, qui ont eu lieu dans un passé plus ou moins lointain», précise-t-il. D'après lui, il est important de différencier les deux car le contraire engendre une connaissance biaisée de son propre passé historique. «Il est peu évident de faire une lecture objective de l'histoire si celle-ci est marquée par des interférences identitaires», indique Ahmed Adimi.
Poursuivant son idée, ce dernier considère que ce n'est qu'en intégrant ce principe qu'il est possible d'écrire de façon fidèle les faits liés à l'histoire d'un pays. Abordant cet aspect, il signale que les récits officiels de l'histoire de l'Algérie «omettent de rapporter certains épisodes de cette période». Une problématique majeure, dit-il, en sachant que le roman national tel qu'il est enseigné à l'école, par exemple, n'est pas totalement fidèle à ce qui s'est passé 130 ans durant. Preuve en est, «beaucoup de symboles de la guerre de Libération nationale ont été volontairement ignorés car leur cheminement idéologique ne correspond pas à la ligne du gouvernement», a-t-il fait savoir.
Abondant dans le même sens, le docteur M. Sadek de l'Université d'Oran a, lui aussi, jugé pertinent de revoir le mode de retranscription des faits historiques afin de rester loyal envers les chouhada et toute personne qui a contribué à libérer l'Algérie du colonisateur. «Bon ou mauvais, tout ce qui fait la Révolution algérienne doit être dit dans les livres d'histoire», appuie-t-il.
Le docteur Sadek estime que les chercheurs algériens devraient donner plus d'importance à l'aspect scientifique lorsqu'il s'agit de relater des événements historiques. Pour lui, il ne faut absolument pas que l'affectif prime sur l'objectif. C'est d'ailleurs ce qui, d'après lui, est à l'origine de la mauvaise interprétation de plusieurs événements qui ont eu lieu dans le passé. «Cela a engendré une confusion totale dans l'esprit de la jeune génération», déplore-t-il. L'expert souligne, par conséquent, la nécessité de corriger ces défaillances, si toutefois l'on souhaite préserver la souveraineté nationale.
D'autres intervenants ont même mis sur la table le besoin d'aller creuser encore plus loin dans l'histoire du pays, voire du continent.
M. Z.


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