Algérie

Le RND anime des meetings à Annaba et Sétif



Ouyahia déclare la guerre aux «redresseurs» Le mouvement de dissidence emmené par Kacem Kébir et Rabah Nouasria, qui commence à gagner du terrain dans le parti de Ahmed Ouyahia, a fait réagir ce dernier. Ouyahia a aussitôt décidé de sillonner le territoire national en vue de contrer ses adversaires plus que jamais déterminés à en finir avec l’ancien Chef du gouvernement, maintenant qu’il n’est plus aux commandes de l’Exécutif. Après Boumerdes, le SG du RND sera, aujourd’hui, à Annaba pour présider une réunion réservée exclusivement aux cadres et militants du parti. Le lendemain, Ahmed Ouyahia sera à Sétif pour les mêmes raisons. Cependant, selon la version du parti, les sorties du SG du parti à travers le territoire national, qui «étaient programmées juste après le départ de Ouyahia du gouvernement», sont en fait la conséquence logique du report du référendum qui devait se tenir avant la fin de l’année en cours. Le sénateur et membre influent de la direction du RND, Sedik Chiheb, réfute l’idée selon laquelle les déplacements de M. Ouyahia à travers les wilayas soient dus en grande partie au travail de sape des dissidents qui ont tenu coup sur coup plusieurs rencontres avec des militants du parti opposés à la ligne de Ouyahia. «Juste après le départ du SG de la chefferie du gouvernement, il y a eu la période estivale qui n’est pas faite pour ce genre de rencontres. Puis, il y a eu le projet de référendum sur la révision constitutionnelle et là nous avons décidé de coupler les sorties du SG lors de la campagne de sensibilisation sur la question de la constitution avec le redéploiement des structures du parti. Le report du référendum nous a ainsi libéré de cette exigence. C’est donc tout naturellement que le SG a décidé de prendre son bâton de pèlerin et de sillonner le pays. Cette situation nous avantage car elle coïncide avec les sénatoriales. Les sorties de Ouyahia seront mises à profit par le parti pour expliquer encore une fois aux militants et aux citoyens pourquoi le RND a soutenu le programme du président Bouteflika, surtout dans ses volets politiques relatifs à la charte pour la paix et la réconciliation», a-t-il expliqué. Le vice-président du Sénat rejette également toute idée de «contestation au niveau du parti», emmenée par leur ennemi juré, l’ancien parlementaire, Aïssa Nouasri, celui-là même qui a fait circuler une pétition contre lui au mois de mai dernier. Ce dernier revient d’ailleurs fréquemment à la charge en exigeant la tenue «d’une conférence nationale de tous les cadres» du parti, y compris ceux qui ont été écartés par Ouyahia lors de la grande lessive de l’année 2000. Dans un document envoyé au SG du RND, le 22 juin dernier, Aïssa Nouasri, qui s’adressait directement à Ouyahia au nom de tous les cadres fondateurs et responsables exclus, explique d’abord son geste par «la situation peu enviable» à laquelle est arrivé le parti. Les contestataires de la ligne actuelle du parti exigent la tenue immédiate d’une rencontre nationale réservée exclusivement aux cadres du parti pour, dit-il, débattre de la «situation politique, organique et financière» du RND. Selon Aïssa Nouasri, cette rencontre qui doit réunir tous les membres fondateurs du parti, les anciens et nouveaux parlementaires, les responsables actuels et anciens du Conseil national et enfin les membres du bureau de wilaya depuis sa création, doit se pencher sur les voies et moyens à même de redonner du lustre à ce parti. Cette rencontre extraordinaire doit, selon Nouasri, se pencher exclusivement sur la nécessité de faire sortir le parti de cette «situation catastrophique et dangereuse que vit le parti». Trois points importants doivent être débattus lors de cette rencontre, suggère Aïssa Nouasri. A la situation générale du parti, il faut ajouter la problématique de la place et du rôle du parti et la redynamisation de ses structures organiques et inculquer une culture politique en phase avec les orientations stratégiques du parti et enfin la constitution d’une plate-forme stratégique qui fixe les grandes lignes politiques, économiques et socioculturelles en perspective de la tenue d’un congrès extraordinaire du parti dont la date sera arrêtée par la conférence nationale. Poursuivant sa critique envers les responsables actuels du RND, Aïssa Nouasri estime que «la construction d’un parti n’est pas cyclique et n’attend pas qu’on soit libre de ses responsabilités gouvernementales pour engager ce travail». Or, ajoute-t-il, «nous constatons que la situation du parti est en train de s’effriter et de se décomposer à cause des pratiques néfastes de certains responsables qui privilégient leurs intérêts personnels et leurs calculs politiques malsains en prenant en otage le parti et en le vidant de tous ses cadres, de ses compétences ainsi que de tous ses militants sincères qui ne veulent que du bien au parti». Il argumentera sa position par le fait que le parti est redevenu quelconque, sinon, dira-t-il, «comment expliquer la place peu enviable à laquelle est arrivé ce parti». Le porte-parole des dissidents du RND pose la question de savoir pourquoi le RND pratique un «double langage politique par rapport à certaines questions nationales» comme par exemple la question de la réconciliation nationale qui demande, selon lui, plus de clarifications de la part de la direction nationale. Il citera un autre exemple flagrant, celui de la révision de la constitution et les derniers propos tenus par le SG, Ahmed Ouyahia, qui semblait accepter une telle révision après l’avoir combattue becs et ongles. A la fin de la lettre adressée au SG du RND, M. Nouasri impute à Ahmed Ouyahia «la responsabilité totale en cas d’échec du parti, à l’avenir». A toutes ces accusations, le sénateur et néanmoins membre influent au sein du RND, Seddik Chiheb, répond en soutenant que l’action des six «membres de l’ex-RND» (Kacem Kébir, Rabah Nouasria, Mustapha Yahi, Kahlouche, Benbrika et Bouhella) n’a «aucun impact organique sur le déroulement des activités du parti». Ces gens, ont été, selon lui, «exclus du parti depuis 2002 et profitent de la petite brèche ouverte par le départ du gouvernement de Ouyahia, qu’ils croient achevé politiquement, pour tenter d’exister à travers les médias». Le responsable du RND pour la wilaya d’Alger donne pour preuve le renouvellement de toutes les cartes d’adhérents du parti qui s’élèvent à 10.000. La seule raison pour laquelle ces anciens membres du parti s’agitent, ajoute notre interlocuteur, est pour tenter de «soumettre une offre de service tantôt à qui de droit tantôt au FLN et à Amar Saïdani pour déstabiliser Ahmed Ouyahia et éventuellement provoquer une scission au sein du parti. «Et à chaque fois, ils reçoivent des fins de non recevoir», souligne-t-il encore en ajoutant: «Ces personnes ne réussiront pas car leur mouvement est minoritaire et sans lendemain. Comment voulez-vous que les gens les prennent au sérieux lorsqu’ils organisent des rencontres dans des cafés ou des restaurants comme ce fut le cas à Oran et à Constantine? Dans cette wilaya, leur réunion s’est tenue dans la salle des fêtes située à la périphérie de la zone industrielle de Aïn Smara. A Alger, ils se sont regroupés dans un… hangar appartenant à un personnage qui tente d’introduire du soja génétiquement modifié alors que la législation algérienne l’interdit formellement. Cet individu cherche, d’ailleurs désespérément, des appuis politiques pour introduire cet aliment par le biais d’une firme étrangère et s’accroche à ces personnes exclues du parti», dira-t-il, en guise de conclusion comme pour savourer sa revanche.


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