Photo :S. Zoheir
Par Kamel Amghar
La question de l'offre culturelle retient constamment l'intérêt des médias, de la critique, du grand public et des institutions concernées. Cependant, tous ces acteurs divergent quand il s'agit de faire un état des lieux précis sur ce dossier. Les intellectuels et le public averti estiment généralement, et non sans raison, que la culture est délaissée. Ils regrettent le manque d'événements, le rétrécissement des espaces culturels authentiques, l'absence d'initiatives dignes d'attention et les faiblesses de la formation. Les bonnes librairies se font rares de nos jours. La diffusion des livres et des périodiques d'information est manifestement défaillante. Les musées sont en hibernation prolongée. Les salles de cinéma sont fermées presque à longueur d'années. Le théâtre ne produit pas grand-chose pour susciter l'engouement des nombreux amateurs. On pourrait en dire autant de la musique, des arts plastiques, du design et de l'architecture. Les instituts et les écoles de formation se comptent sur les doigts d'une seule main. Les grands artistes et les bons enseignants ont quitté le pays à la recherche de meilleurs auspices.En clair, les 'uvres de bonne facture et les manifestations de qualité se font extrêmement rare. De grandes villes du pays, comme Alger, Oran, Constantine, Annaba ou Tamanrasset, survivent dans une indigence culturelle qui écorche leur statut de capitales régionales. On ne produit plus d'événements de grande portée thématique et esthétique. La tutelle, dans ses bilans périodiques, s'enorgueillit, en revanche, des «avancées» réalisées en termes d'infrastructures et de manifestations organisées. On parle de plusieurs festivals nationaux, internationaux et locaux, d'aides à la production théâtrale et cinématographique, de salons du livre, d'actions diverses pour la prise en charge du patrimoine et d'initiatives intersectorielles pour la socialisation de la culture et des arts. Les budgets alloués se chiffrent en milliards de dinars. Quantitativement, on a effectivement l'impression que les choses bougent. Depuis le début des années 2000, quasiment toutes les villes du pays abritent une ou plusieurs manifestations de ce genre.Au tout début, ces festivals étaient attractifs et ont réussi, pour un moment, à captiver l'engouement d'un public longtemps sevré. Mais faute d'innovation et de recherche, tous ces événements se sont folklorisés et tellement vieillis au point de lasser tout le monde. La culture, comme l'industrie, a besoin d'un bon département Recherche et développement pour magnifier sans cesse ses prestations et maintenir son charme sur ceux auxquels elle s'adresse. Dans une ville comme Béjaïa, on dénombre officiellement plusieurs rendez-vous censés garantir un bon agenda culturel. On citera, les Journées cinématographiques, le Festival international de théâtre professionnel, les Rencontres du film documentaire, le Festival de la chanson kabyle, celui de Djoua, celui du théâtre amateur à Amizour, celui de la poésie kabyle à Aït Smaïl et tant d'autres encore. A première vue, on dirait que la capitale des Hammadites est très bien animée. En réalité, tous ces festivals et rencontres n'ont pas dépassé le cap des éditions inaugurales. A force d'afficher les mêmes atours à chaque fois, ils se sont ritualisés, banalisés. Les organisateurs, faute d'imagination et de savoir-faire, remettent inlassablement le même menu à chaque fois. Ça use. Au lieu de déboucher logiquement sur une synergie et une dynamique permanente entre divers acteurs et relais culturels, tous ces événements n'ont pas dépassé, du moins pour le moment, le stade du conjoncturel. Il est tout de même curieux de constater qu'à l'heure de tous ces festivals, beaucoup d'espaces de proximité, jadis rayonnants, même aux heures les plus sombres de la décennie 1990, soient aujourd'hui contraints de mettre la clef sous le paillasson. C'est l'exact contraire de l'effet souhaité !
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Posté Le : 20/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K A
Source : www.latribune-online.com