Algérie

Le rituel Aïssâwa origine et symbolisme



Le rituel Aïssâwa  origine et symbolisme


Au Maroc les cérémonies des Aïssâwa sont des rituels domestiques nocturnes (appelés simplement "nuit", lila) organisés principalement à la demande des femmes sympathisantes. Dans ce pays, celles-ci composent actuellement la clientèle principale des orchestres de la confrérie. Les Aïssâwa étant censé apporter la baraka, les motifs d’organiser une cérémonie sont divers : célébration d’une fête musulmane, mariage, naissance, circoncision, exorcisme, recherche de guérison ou contact avec le divin par l’extase. Le rituel est proposé à l’identique par tous les orchestres Aïssâwa et comprend des récitations de litanies mystiques, des chants de poèmes spirituels, un rituel d’exorcisme et une séance de danse de transe collective. Les aspects ludiques de la cérémonie sont courants et revendiqués par les participants (rires, chants, danses) de même que les manifestations corporelles extatiques (cris, pleurs). Au niveau symbolique, la cérémonie représente le cheminement initiatique du soufi : un voyage mystique ascendant vers Dieu et le Prophète avec retour sur terre. L’odyssée traverse à la fois le monde des hommes et celui des démons pour culminer dans les sphères supérieures, point de rencontre de l’homme et du divin. Selon les Aïssâwa, cette cérémonie n’a pas été établie ni même pratiquée par le Chaykh al-Kâmil. Certains pensent qu’elle est apparue au xviie siècle sous l’impulsion d’un disciple Aïssâwî (Sîdî ‘Abderrahmân Tarî Chentrî) ou au xviiie siècle sous l’influence d’autres maîtres soufis marocains célèbres pour leurs pratiques extatiques (Sîdî ‘Ali ben Hamdûch ou Sîdî al-Darqâwî). Plus largement, le rituel de transe pratiqué par les Aïssâwa actuellement semble avoir été établi au fur et à mesure des siècles sous la triple influence du soufisme originel, de croyances animistes préislamiques et de la poésie arabe citadine, comme le Melhoun. En règle générale les Aïssâwa marocains se détachent de toutes spéculations intellectuelles et philosophiques du soufisme mais accordent une grande importance à l’aspect technique et esthétique de leur musique, de leurs litanies, de leurs poésies et de leurs danses rituelles. Ils considèrent leur cérémonie comme un espace de sauvegarde de divers éléments artistiques, symboliques, religieux et historiques de la culture marocaine. Photo : Tariqa Aissawa (Aissaouia) à Tlemcen, adeptes venus de Mostaganem



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