Algérie - Revue de Presse

« Le risque zéro n'existe pas »


Délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), M. Benkhalfa estime que les actes frauduleux sont en cours de maîtrise.  Après la cascade de scandales financiers, les banques publiques ont-elles réussi à se protéger de tels actes ' Il est important de préciser que les actes frauduleux sont en cours de maîtrise. Dans de nombreux cas, ils ont fait l'objet de plaintes déposées par les banques, ce qui veut dire que le système de contrôle a fonctionné. Souvent, ils sont le fait de paramètres extra-muros, c'est-à-dire de clients indélicats. Pensez-vous que ces clients pourraient subtiliser des sommes importantes ou bénéficier de crédits de complaisance colossaux sans une complicité interne ' Je dirais plutôt que les systèmes de détection de ces anomalies n'ont pas fonctionné. C'est pour cela que le système d'information fait l'objet d'une refonte totale. Il s'agit de faciliter le suivi quasi-quotidien du système d'information lié à toutes les transactions financières et aux soldes des comptes. Ce sont des millions d'opérations qui se règlent au niveau des 1400 agences réparties sur le territoire national. C'est une véritable industrie financière qu'il faut contrôler automatiquement et qui permet de limiter sensiblement, pour ne pas dire éliminer totalement les actes frauduleux. Le nouveau système concerne également les chèques et les règlements de compensation qui nécessitaient plusieurs jours, parfois même plusieurs semaines. Aujourd'hui, 90% des chèques interbancaires sont débouclés et payés dans les 4 jours au maximum. Un délai qui sécurise la transaction. Aujourd'hui, il n'est plus permis d'avoir un compte sans solde. Le chèque devient un instrument de paiement et non de garantie comme avant et ne passe pas plus d'une nuit dans une agence. Le système de paiement plus le système d'information sont en train de réduire au maximum le délai de traitement et de contrôle à quelques heures seulement. Tout ce qui faisait le lit des actes frauduleux est en train d'être éliminé.  Vous voulez dire que les scandales des chèques de cavalerie, sans provision, etc., ne seront plus réédités ' La sécurisation de l'information est doublée de l'image. C'est-à-dire que lorsque vous présentez un chèque, les informations sont contrôlées en temps réel. Mais aussi ce chèque passe par un scanner de dernière génération dont sont dotées les 1400 agences pour vérifier la texture du papier, qui est fabriqué uniquement pour les banques, comme les billets.Si par exemple un agent, par complicité, mettait le chèque sous le coude...Le mauvais grain de sable est difficile à détecter surtout quand on sait que 20 000 personnes gèrent quotidiennement des millions d'opérations et de transactions. La refonte du système d'information permet néanmoins de perfectionner le contrôle et la vigilance afin de repérer rapidement les transactions douteuses. L'intervention cible l'homme et l'outil informatique. Occulter ou masquer une opération suspicieuse devient très difficile. Il faut toutefois relever que le risque zéro n'existe pas. Peut-on affirmer que les banques sont aujourd'hui prémunies de tous les risques ' Je dirais plutôt que 70% du risque provient de la non-détection des transactions douteuses. Aujourd'hui, nous pouvons dire que les banques publiques ont atteint une capacité de détection qui les met à l'abri des crises. Même de la crise des subprime ' Les systèmes de régulation les plus évolués n'ont pu détecter les opérations de fraude qui ont conduit à la crise des subprime. Les banques du monde entier ont engagé la refonte de leurs systèmes. Il y a un large consensus sur le plan structurel qu'il faille procéder au paramétrage du système d'information dans un but de protection.  Pouvons-nous affirmer aujourd'hui que les banques publiques sont protégées ' Je peux dire que les banques publiques ont tiré les leçons puisque les problèmes sont traités structurellement à travers l'éthique et le support papier. Néanmoins, il n'est pas exclu que ce travail soit perverti par l'environnement dans lequel il évolue. Indépendamment du fait que nous avons une agence pour 27 000 habitants, ce qui est très faible, les banques sont les premiers auxiliaires financiers. Les lois font peser sur elles une responsabilité très lourde, notamment en matière de domiciliation et de contrôle des changes opérés pour le compte de la Banque d'Algérie. Elles sont comptables devant les pouvoirs publics pour les millions d'opérations de commerce extérieur dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent par exemple où elles restent les seules à faire des déclarations de soupçon. C'est une charge importante au plan du contrôle du risque commercial ; une surcharge qu'elles assument. La situation est meilleure qu'avant. Les banques sont de plus en plus protégées.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)