Algérie - A la une

«Le risque est que les terroristes chassés du Sahel reviennent dans les zones urbanisées d'Afrique du Nord» Eric Denécé, président du Centre français de recherches sur le renseignement, au Temps d'Algérie :



En réaction à l'estimation faite par le ministre algérien de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, selon lequel entre 2000 et 3000 terroristes et narcotrafiquants séviraient au Sahel, Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CF2R) nous a déclaré : «Il m'est très difficile de me prononcer sur cette estimation. Aussi, je pense que votre ministre dispose de toutes les informations pour formuler un chiffre proche de la réalité».
Pour ce qui est d'une autre déclaration faite par le ministre, selon lequel «les arguments avancés consistant à dire que le Sahel va devenir un autre Afghanistan ne tiennent pas debout», Eric Denécé nous dira : «Je partage cette analyse», expliquant qu'«en effet, l'Afghanistan est un pays montagneux, où la population est présente un peu partout. C'est un pays disposant de nombreuses zones refuges, avec des possibilités de culture et des ressources en eau.
C'est un pays où la population à une longue tradition de résistance à l'occupant étranger. Surtout, il dispose du soutien des réseaux et des services pakistanais». Pour le directeur du CF2R, «c'est totalement différent avec le Sahel : c'est une zone vide, très pauvre en eau et en culture. Les Etats de la région, même si la majorité sont en situation de faiblesse, ne soutiennent pas les terroristes». Pour notre interlocuteur, les groupes islamistes armés occupant des villes du nord du Mali ne tiendront pas face à une opération militaire. «Ainsi terroristes et trafiquants peuvent vivre en paix tant qu'une opération militaire n'a pas eu lieu contre eux.
Le jour où une force armée organisée et compétente (Algériens ou Occidentaux) décidera d'intervenir, ils ne tiendront pas longtemps, car les zones refuges montagneuses sont hostiles et ne permettent guère qu'une survie précaire. Le Sahara est une zone de transit, non de refuge». Cependant, pour Eric Denécé, «le risque, ce n'est pas que le Sahel devienne un nouvel Afghanistan (la Cyrénaïque est bien plus favorable à cela) mais que les terroristes chassés du Sahel reviennent dans les zones montagneuses et urbanisées d'Afrique du Nord, ou dans les villes d'Afrique de l'Ouest».
Au rejet annoncé par le mouvement islamiste armé Ançar Eddine de l'extrémisme et du terrorisme, le président du CF2R dira : «Je pense qu'il s'agit d'une déclaration de circonstance ; face à la menace d'une intervention armée, ils essaient de gagner du temps et d'échapper à une opération militaire qui pourrait bien les réduire à néant».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)