Algérie

Le rire et la réalité Point Net



Le rire et la réalité Point Net
Vingt-cinq employés de l'agence Cnas Daksi Abdeslam de Constantine comparaîtront à la fin de ce mois devant la justice pour «trafic et falsification de dossiers et utilisation frauduleuse de cartes Chifa».
Mais en allant chercher plus de précision dans ces chefs d'accusation, au demeurant assez banals dans l'intitulé, on retrouvera un détail qui ne manque ni d'originalité ni d'audace.
Notre collègue Ilham Tir nous apprend ainsi que «plus de deux millions de dinars ont été attribués à des personnes vivantes comme' capital de décès sur la base de faux documents».
L'écrit nous apprend également que cette somme concerne uniquement trois dossiers formellement découverts et l'enquête va manifestement s'élargir à d'autres dossiers, d'autres agences, susceptible de révéler un trafic du genre de bien plus grande ampleur.
Cette histoire a quelque chose de drôle mais elle nous rappelle surtout que là où il y a de l'argent public qui «circule», la rapine, la corruption, le vol et toutes les autres formes de prédation n'ont pas beaucoup de difficultés à prospérer.
L'histoire a beaucoup d'originalité, en ce sens que les auteurs qui en ont été à l'origine ne manquent manifestement pas d'imagination. Il fallait aller la «chercher» celle-là !
Mais à bien y regarder, le procédé semble relever du jeu d'enfant. Parce que dans ce genre de situation, la question-réflexe qui s'ensuit, même galvaudée, ne manque, cependant, jamais de pertinence : sur un cas de «capital décès versé à des personnes vivantes» découvert, combien d'autres, qui se comptent toujours avec plusieurs zéros de plus ont dû échapper à la vigilance des contrôleurs souvent pas très alertes dans ces zones-lï
Parce que si la tentation est humaine, elle ne vient pas pour autant toute seule. A la concentration de sommes astronomiques d'argent entre les mains d'un nombre réduit de personnes, s'ajoutent la désinvolture intéressée ou non et l'obsolescence des systèmes de gestion et de contrôle.
Puisqu'on peut rire de tout, cette histoire qui s'est déroulée et révélée dans une agence Cnas de Constantine est réelle mais, dans la «finesse» du procédé, rappelle une autre, beaucoup plus gaie et beaucoup moins nuisible.
C'est un pauvre bougre du nom de Mokhtar, boute-en-train connu et reconnu de son quartier, qui a toujours su dégriser son quotidien et celui de ses proches par la bonne humeur érigée en effaroucheur de fortune pour atténuer ses douleurs.
Mokhtar ne crevait pas la dalle mais il a toujours estimé que sa vie et l'effort qu'il consent à la gagner méritaient d'être mieux récompensés pour lui permettre d'accéder à un minimum de confort.
Un jour, un peu pour conjurer le sort et beaucoup pour rire comme toujours, il a été voir son responsable hiérarchique pour lui faire cette requête délirante mais pas vraiment dénuée de bon sens :
«Moi, je vais mourir un jour ou l'autre et vu ma santé pas très brillante, quand ça arrivera, je serai toujours dans l'entreprise. Alors pourquoi vous ne m'accordez pas mon capital décès tout de suite. J'en profiterai un peu et la société en bénéficiera, puisque 'l'indemnité' en question ne fait qu'augmenter au fil des ans et le dinar ne fait que se déprécier '»
Le brave Mokhtar a oublié une autre utilité de son hilarante requête. Acceptée et généralisée, elle aurait peut-être évité beaucoup de faux «capitaux» de décès. Mais Mokhtar ne faisait que rire. Ce n'est pas le cas à Constantine et ailleurs.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)