En sérial killer du progrès, Ahmed Ouyahia a récidivé à Boumerdès. Tout en rappelant encore une fois aux vieilles femmes apeurées que «l'Algérie est la cible de certaines forces qui 'uvrent à sa déstabilisation» sans jamais les nommer, le Premier ministre a appelé à «la vigilance contre les appels au changement». C'est un concept unique dans le monde ; même dans les dictatures les plus féroces, aucun dirigeant n'a osé dire qu'il n'y avait rien à changer, pendant que dans les pays démocratiques, c'est justement l'appel au changement qui est le moteur des élections. Mais le Premier ministre, représentant commercial d'un système hybride qui marche au gaz, ni dictature policière ni démocratie républicaine, considère que le changement est synonyme de chaos.
Le Premier ministre avait déjà déclaré à Constantine qu'il n'y avait rien à changer, thème de campagne, pendant que les autres candidats, plus ou moins sérieux, avancent des idées comme planter des petits pois, réformer l'administration ou adopter une Assemblée constituante. Pour Ahmed Ouyahia, il n'y a rien à changer, surtout pas lui, tout va bien et ce qui ne va pas est en cours d'aller mieux.
Le Premier ministre a pourtant mal calculé son agenda : le CNES, sur saisine du président de la République, vient de livrer son rapport. 50 points noirs qui définissent ce qu'il y a d'urgent à changer dans le pays. Entre Ahmed Ouyahia qui se bat contre le changement, et le CNES, qui liste toutes les choses à changer, il y a un monde, bien que les deux fassent partie du même système Bouteflika. Que faut-il choisir '
D'abord réfléchir. Peut-on bâtir une campagne électorale sur le non-changement ' Oui, dans un pays ultraconservateur et qui fonctionne. Sauf que les Algériens ne sont pas ultraconservateurs, même si ça ne se voit pas. Et que le pays ne fonctionne pas vraiment, même si pour Ahmed Ouyahia, ça ne se voit pas non plus.
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Posté Le : 29/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com