Nés en décembre 2015, les Ateliers sauvages ont abrité une quinzaine d'expositions et autant de résidences artistiques. Fondé par l'écrivaine féministe Wassyla Tamzali, cet espace de création a vu passer une vingtaine de jeunes artistes algériens et étrangers.Jeudi dernier, les Ateliers sauvages fêtaient leur troisième anniversaire à travers une rétrospective des différentes expositions qu'ils ont abritées depuis décembre 2015. Arts plastiques, photographie, sculpture, installations condensaient en quelques «morceaux choisis» l'ensemble des ?uvres passées au 38, rue Didouche-Mourad durant ces trois années où les artistes invités par Wassyla Tamzali bénéficiaient d'abord d'une résidence de création au sein même de cet espace dont une partie est aménagée en lieu de vie. Au rythme de quatre à cinq expositions par an, les Ateliers sauvages sont très vite devenus incontournables dans le paysage artistique algérien grâce à la double opportunité offerte aux artistes : celle de régler la problématique lancinante du lieu de travail et celle de pouvoir exposer en dehors des circuits officiels souvent biaisés.
L'exposition inaugurée jeudi donnait donc un aperçu de ces trois années d'effervescence artistique et de découvertes souvent surprenantes. On y croise les ?uvres de Adel Bentounsi, artiste annabi qui, après avoir brûlé ses ?uvres devant la caméra en 2013, rejaillit littéralement de ses cendres en multipliant les expériences, plus novatrices et déroutantes les unes que les autres, mais toutes empreintes d'un cachet mystique qui fait la singularité de ce travail. Autres découvertes rendues possibles par les Ateliers sauvages : le couple Ryma Rezaiguia et Lamine Sakri qui explorent des univers aussi antagoniques que rattachés par une esthétique austère. On revisite également les figures féminines troublantes de Fella Tamzali qui interroge et distord la représentation lénifiée du corps de la femme en créant une plastique ambivalente entre épouvante et harmonie en devenir.
Mounir Gouri, pour sa part, se distingue par ses atmosphères dépouillées contrastant avec la charge philosophique et émotionnelle qui caractérise ses personnages, perdus dans un néant blanc, quêtant sans cesse l'équilibre, le salut, l'apesanteur, dans une déambulation se muant peu à peu en lévitation. Plus loin, on plonge dans un tout autre imaginaire, celui de Boukir Naïm qui se détache des sphères terrestres pour voguer dans des mondes fantastiques habités par des créatures aussi familières qu'étranges. La dessinatrice allemande Paula Bulling nous livre, quant à elle, ses impressions des rues et des cafés d'Alger à travers une série de planches aux tonalités pastelles. La poésie est également au rendez-vous avec cet objet hybride où un texte inédit de Samira Negrouche est transformé en éclats de phrases et de mots par Ryma Rezaiguia et Lamin Sakri qui le convertissent en reliefs et en dessins.
Dans une pièce dérobée des Ateliers sauvages on entre physiquement au c?ur d'une discussion entre Wassyla Tamzali et le graphiste Hichem Merouche dans le cadre de l'élaboration d'un catalogue. Seulement, en lieu et place de cet objet, on découvre des murs tapissés de bribes de conversation sur l'art contemporain, l'Algérie, l'Histoire, la politique, etc.
Des dizaines de feuilles arborant des caractères et des mises en page différents font ainsi office de catalogue vivant où, au lieu de la monotonie typographique et plastique, on retrouve au contraire des idées mouvantes, des mots devenus images captivant l'attention et donnant du relief aux opinions exprimées.
A rappeler que ce troisième anniversaire était également l'occasion de rencontrer la diplomate et intellectuelle palestinienne Leïla Shahid qui se consacre depuis sa retraite à la promotion des jeunes artistes de son pays et de la région arabe.
Sarah H.
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Posté Le : 04/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sarah Haidar
Source : www.lesoirdalgerie.com