Le Rhumel à la recherche de son salut

Le Rhumel et lesgorges ouvertes sur son passage, tout au long du vieux rocher sur lequel reposedepuis des millénaires Constantine, n'ont jamais fait l'objet de travauxd'aménagement d'ensemble, alors que ce lieu à nul autre pareil et sonenvironnement immédiat demeure un atout non négligeable dans le développementtouristique de la ville des ponts et de sa région. Il y a toutd'abord le chemin des touristes, devenu provisoirement impraticable, et quireste une des plus belles et des plus originales promenades que l'on puisseoffrir à des visiteurs nationaux ou étrangers, avides de dépaysement.  Mais il y a, par ailleurs, d'autres sitesaussi attractifs, dont les bains romains, situés juste sous le pont Mellah,mais qui malheureusement furent noyés dans les années 1970, lors d'inondationsexceptionnelles, et qui n'ont jamais fait l'objet d'une réhabilitation, promisepourtant d'année en année et jamais concrétisée, ni même d'étudespréliminaires. Pourtant, les bains romains pourraient de nouveau être ouvertsau public, comme il y a deux décennies, à condition de pouvoir y accéder par lechemin des touristes, ouvert à hauteur des entrées situées sous les ponts deSidi Rached ou d'El-Kantara actuellement affichant portes closes. L'existenced'un jardin suspendu à flanc de ravin, que l'APC de Constantine continueconsciencieusement d'entretenir même si personne n'y descend, reste un acquistouristique intéressant aussi.  Tous ces jardins, posés sur une voûte façonnéepar le Rhumel, occupent une aire assez vaste pour recevoir d'autresimplantations touristiques, et notamment un café restaurant suspendu, accoléaux splendides gorges de ce cours d'eau vieux de 50.000 ans.  Parmi les sites attractifs, il y a les sept pontssur le Rhumel, en pierre, comme le pont de Sidi Rached ou celui d'El-Kantara,ou bien des ponts suspendus comme ceux de l'hôpital ou du pont Mellah,photographiés par des milliers de visiteurs, immortalisés par des oeuvrespicturales prestigieuses, et chantés par des poètes et des musiciens. Ces pontsdevaient bénéficier d'un éclairage spécifique, pour mettre en relief lecaractère original de ces ouvrages d'art, perchés sur le rocher. Pourtant, desinstructions avaient été données par le wali, mais en vain... Malheureusement,certaines études préliminaires ayant trait à nombre de ces projets dorment dansdes tiroirs, et l'on désespère de pouvoir réunir toutes les conditions requisesau lancement de plusieurs opérations d'aménagement étroitement liées.  En effet, selon le directeur du Tourisme deConstantine interrogé sur le devenir de ces projets, il s'agit de faire aboutirau préalable tout un éventail de réalisations qui dépendent de trois ou quatresautres ministères que celui du Tourisme. Il s'agit en premier lieu d'éliminerou d'endiguer les eaux usées que charrie en amont l'oued Boumerzoug qui sejette dans le Rhumel à l'entrée des gorges. Une opération de calibrage «d'envergure » a été inscrite par la direction de l'Hydraulique, de façon à endigueret canaliser ces eaux, qui, en été, dégagent des odeurs nauséabondes. Il y aégalement les eaux usées de la ville de Constantine qui se déversent sur lesbords de l'oued par des canalisations crevées, vieilles de plus d'undemi-siècle. En plus des eaux usées, il convient d'enlever les déchets solides,gravats et autres, sur les gorges du Rhumel, tout en encourageant lesopérations de plantation d'arbres là où cela est possible. Le Rhumel doitredevenir un cours d'eau propre et assaini, et non pas un déversoir pour lesdéchets de la ville et de ses environs. C'est à ces conditions, dira ledirecteur du Tourisme, que l'on pourrait envisager l'aménagement du Rhumel, cequi nécessite l'implication de plusieurs secteurs et une parfaite coordination. Il sera alors possible de lancer les actionsd'équipement touristiques, estime notre interlocuteur, si ces projets sontrapidement réalisés, et que tout le monde s'y mette.