Algérie

Le révolutionnaire au long cours s'en est allé Décès d'Ahmed Mahsas



Le révolutionnaire au long cours s'en est allé Décès d'Ahmed Mahsas
Le moudjahid et sénateur Ahmed Mahsas est décédé hier à l'âge de 90 ans, à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, «des suites d'une longue maladie», rapporte l'APS.
Ahmed Mahsas, de son nom de guerre «Ali Mahsas», est né le 17 novembre 1923 à Boudouaou (actuellement dans la wilaya de Boumerdès), dans une famille paysanne originaire de Sidi Aïssa qui avait pris part à l'insurrection de Cheikh El Mokrani en 1871 (c.f. le portrait que lui a consacré notre collègue Hamid Tahri in El Watan du 15 février 2007). Militant nationaliste de la première heure, feu Ahmed Mahsas adhère au PPA en 1940, à l'âge de 17 ans. Il milite dans sa ville natale d'abord avant de s'installer à Belcourt. Il est arrêté dès 1941 pour ses activités clandestines. En 1949, il est arrêté de nouveau et condamné à six mois de prison pour insoumission, lui qui a refusé de passer son service militaire dans les rangs de l'armée coloniale. Membre fondateur de l'Organisation spéciale, il siège au sein de l'état-major national de l'OS.
Ahmed Mahsas était également à l'origine de la création du premier noyau du FLN en France. Membre du CNRA, délégué politico-militaire pour l'Est algérien, il rentre en conflit avec Abane et s'oppose au Congrès de la Soummam. La direction de la Révolution le met aux arrêts à Tunis. Il réussit toutefois à s'échapper et s'exile en 1957 en Allemagne et y reste jusqu'en 1962. Dans la dernière interview qu'il a accordée au quotidien El Khabar, et publiée en six épisodes, Ahmed Mahsas a raconté comment il approvisionnait la Révolution en armes depuis son exil forcé, via l'Italie. «Je les cachais dans des tonneaux de vin», confie-t-il. Ahmed Mahsas s'est une nouvelle fois attaqué, au cours de sa dernière interview, à Abane Ramdane qu'il accuse d'avoir tenté de le faire assassiner (par Arezki Basta qui refusera finalement d'exécuter l'ordre). Il a remis également en cause, avec sa véhémence légendaire, les acquis du Congrès de la Soummam qui a été pour lui un échec. «C'est un congrès qui n'était pas représentatif. Il n'y avait ni les Aurès, ni la Wilaya V, ni la Fédération de France, ni la délégation extérieure, ni Boussouf. Les gens, au lieu d'économiser les vies humaines, de conserver l'outil de lutte, ont fait tout le contraire. Le groupe a mis tout le monde devant le fait accompli. On a opposé le politique au militaire, l'extérieur à l'intérieur. Or, il ne fallait pas créer ce dualisme mortel dans la révolution qui est un tout. Notre attitude était pour un congrès authentique», argue-t-il (voir El Watan du 15 février 2007).
Après l'indépendance, Ahmed Mahsas occupe plusieurs fonctions, dont celle, notamment, de ministre de l'Agriculture et de la Réforme agraire sous Ben Bella (1963). Après le coup d'Etat du 19 juin 1965, il fait un bout de chemin avec Boumediène avant de claquer la porte et s'exiler en France en 1966. Il met à profit son exil parisien pour reprendre ses études. Il obtient un diplôme en sociologie de l'université de la Sorbonne où il soutient une thèse de doctorat en 1978 sous le thème : «Le mouvement révolutionnaire en Algérie de la Première Guerre mondiale à 1954». Sa thèse sera éditée une année plus tard chez l'Harmattan. Il fonde, par ailleurs, avec Mohamed Boudia et d'autres opposants en exil, le Rassemblement unitaire des révolutionnaires (RUR). En 1977, il crée avec Tahar Zbiri et Kaïd Ahmed, le Rassemblement national pour la démocratie et la révolution (RNDR). En 1981, il rentre au bercail et devient conseiller éditorial au sein de l'Entreprise nationale du Livre (ENAL). En 1989, il renoue avec la politique en créant l'Union des forces démocratiques (UDF). Ahmed Mahsas est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Réflexion sur le mouvement d'unité arabe et ses perspectives (Paris, Impr. De Carthage, 1974), L'Autogestion en Algérie (éditions Anthropos, Paris, 1975) et L'Algérie : la démocratie et la Révolution (1978). Feu Ahmed Mahsas sera inhumé, aujourd'hui, au cimetière El Alia, après la prière du dohr.


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