Le revirement de Hollande !

Volte-face - Il n'aura pas fallu plus de dix jours au président français pour revenir en grande partie sur ses déclarations du 14 mars, portant sur la livraison d'armes à l'opposition syrienne.
Ce jour-là, le président français et son homologue britannique s'étaient clairement positionnés en faveur de cette option en dépit de l'embargo européen. Le Premier ministre britannique David Cameron avait même avancé la veille qu'«en l'absence de position internationale commune sur la levée de l'embargo, la France et la Grande-Bretagne pourraient procéder unilatéralement à des livraisons d'armes aux anti-Assad».
Pourtant à peine dix jours après, à l'issue d'une intervention télévisée du président français sur la chaîne publique française, France 2, ce dernier a tenu à nuancer ses propos, voire à les revoir. «Nous ne le ferons pas tant que nous n'aurons pas la certitude qu'il y a un contrôle total par l'opposition de la situation», a déclaré M. Hollande, avant de préciser que «pour l'instant nous ne l'avons pas». En deux ans, «il y a eu près de 100 000 morts en Syrie, 100 000, avec une guerre civile qui se radicalise et des jihadistes qui se saisissent de cette opportunité pour porter des coups à Assad et en même temps prendre des marques pour la suite», a relevé le président français. L'opposition au régime syrien «s'est relativement divisée ces derniers jours», a-t-il encore estimé.
Selon la presse française, «dans l'entourage de François Hollande, on dément tout revirement sur le sujet. Il s'agit de déclarations complémentaires à celles du 14 mars», assure à un quotidien français, une source à l'Elysée, qui reconnaît néanmoins que le président a pris en compte «les évolutions qu'a connues l'opposition syrienne depuis cette date». Selon certains experts, le cheminement d'armes croates, achetées par certaines monarchies arabes pour le compte de l'ASL et convoyées via la Jordanie, nourrirait l'inquiétude de l'Elysée. D'autant que l'ASL apparaît de plus en plus comme rien d'autre qu'un déguisement de fréquentabilité dont les jihadistes de diverses nationalités - les véritables maîtres de l'opposition en Syrie - se servent. Et les vidéos apparues sur le Net montrant des armes entrées en Syrie via différentes filières entre les mains de jihadistes, ne sont pas là pour le démentir.
C'est notamment le cas de lance-roquettes antitanks M79 Osa récupérés par des éléments du Front Al-Nosra, désigné comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Les mises en garde russes sur la question ne sont, en outre, pas à écarter. D'autant que l'option d'armer les rebelles a été qualifiée, dès son annonce, de «violation de la loi internationale». «La loi internationale n'autorise pas, ne permet pas de fournir des armes à des acteurs non gouvernementaux et, selon nous, il s'agit d'une violation de la loi internationale», avait déclaré lors d'une conférence de presse, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.