Publié le 26.01.2023 dans le Quotidien d’Oran
par Slemnia Bendaoud
Dans le traditionnel mouvement de la Nature, l'Avenir se lève au Levant et le jour se couche au Ponant. La lune comme le soleil en sont d'ailleurs témoins. Ceci étant depuis des lustres déjà admis et bien reconnu à notre vaste Univers. Mais d'où tient alors l'Occident toute sa réelle force et si impressionnante puissance du moment ?
La Science dont il se prévaut et qui lui sert de vrai tremplin dans sa continue apogée arrive-t-elle par lui refiler à lui seul tous ces tuyaux qui remettent fondamentalement en cause ses propres méthodes ou repères connus de tout le monde ?
Sinon, existe-t-il un quelconque Avenir qui n'obéirait jamais à cette règle de la pourtant très drastique Nature que seul l'Occident connaisse et que tout le monde ignore complètement ou bien manifestement ? Comment expliquer alors que cet Avenir qui prend naissance au Levant n'est finalement capté qu'au Ponant ? Seulement au coucher du jour finissant ?
Traiter de l'avenir de toute Nation ne revient-il pas à dépouiller notre présent de tout ce qui nous empêche de prendre notre envol dans de bien meilleures conditions, celles bien capables de nous tracer nos futures projections ? Celles-là mêmes qui dessinent en filigrane le chemin de notre véritable destin ?
Voilà qui remet de fond en comble la supposée suprématie du Levant sur le Ponant au travers de cette seule lucarne tracée par les lumières du soleil. Du coup, le lever du jour n'est pas le seul à décider de l'Avenir des Nations. D'autres paramètres et considérations comme ceux déjà pris en compte par l'Occident y conduisent également. Bien manifestement !
Ce qui implique que l'avenir peut se décider en tout lieu et à tout moment. La science, l'apport de la démocratie, la recherche du mieux-être ou du bien-être en sont d'ailleurs des éléments déclencheurs non négligeables.
À elle seule, la luminosité du soleil reste vraiment trop insuffisante ! Elle luit et éblouit mais ne conduit pas toujours à un vrai port d'échouage. Il y a lieu de lui adjoindre également l'exploitation utile de « l'existant » grâce à de nouvelles projections à incruster dans nos idées et futures conceptions de notre nouvelle société ou magnifique cité.
C'est à ce niveau-là que la science et les nouvelles connaissances interviennent en force dans le façonnement de notre Avenir immédiat. A charge pour nous de vouloir bien y contribuer. S'y impliquer directement mais surtout totalement.
La science n'a-t-elle pas pour but d'améliorer l'existant tout en changeant notre comportement du moment ? Toutes les sciences y participent, à des degrés bien différents. Le foot tout comme la sociologie, l'agronomie ou la géologie, à l'instar de tous les domaines de la vie quotidienne.
Le foot, comme moyen de distraction et discipline sportive, a ses propres règles qui lui confèrent le statut d'une véritable science, truffée de ses hypothèses, axiomes, équations, probabilités, projections et autres particularités...
Le jouer est une chose, l'encadrer en est une toute autre. De ce rôle-là à celui-ci, les données changent complètement, même si on reste encore dans l'enceinte du stade. Car le territoire de chacun des acteurs est balisé et codifié.
Zinedine Zidane a sa propre idée sur ce phénomène. Au moment où Rabah Madjer en a une toute autre ! ?
Etre une Grande Star à l'intérieur des terrains de jeu ne signifie nullement le rester encore dès que notre nouveau métier consiste à diriger le jeu à partir de la ligne de touche. A l'image d'une balle qui sort dans les décors, on n'est plus valide.
On ne peut que prodiguer des conseils à ceux qui jouent encore sur le terrain. Bien souvent, ceux qui quittent le terrain trouvent encore du boulot dans ses abords immédiats, dans les limites du rectangle vert. Ils deviennent presque souvent entraîneurs de football.
Arrivé à la barre technique, notre « intelligence des pieds » n'est donc plus comme autrefois cette « condition nécessaire et suffisante » pour sortir le grand jeu. Car on n'est plus maître du ballon. On doit désormais se servir de notre «tête à penser le jeu». Et là, la donne en est complètement différente.
On ne joue plus avec l'équipe, on est dans le devoir de la faire bien jouer. Et à ce stade-là, avoir déjà été une Grande Star, cela ne compte que sur quelques facettes de jeu liées au domaine purement technique du groupe. Tout le reste des apports est à chercher ailleurs que dans les limites de son propre talent.
Quelques Grandes Stars du football mondial y ont bien réfléchi et ensuite très rapidement trouvé la bonne formule. Ils y auront réussi de manière plutôt extraordinaire. D'autres, par contre, se contentant plutôt de leur propre «intelligence des pieds» auront très lamentablement raté cette apparemment possible reconversion. Leur échec fut total. Brutal ! Bien fatal pour eux-mêmes et pour le foot en général ! Ils y auront frisé le ridicule ! Et complètement terni leur image de Grand joueur !
Savoir jouer mieux que les autres au foot peut être interprété bien différemment dès lors que l'on s'engage dans le domaine de l'entraînement d'un groupe. On peut, à leurs yeux, constituer ce modèle de réussite, à suivre ou à imiter dans le geste technique. On peut aussi devenir un stimulant qui les motivera à davantage progresser dans leur jeu.
Tout comme, par manque d'initiatives dans notre coaching qui s'appuie uniquement sur l'aspect technique pour une grande star que l'on a été et qui tente de reproduire ce qui a fait sa réputation au profit de nouvelles générations de footballeurs, on risque de forcément négliger tous les autres aspects de jeu, pour en définitive complètement rater cette bonne marche qui assure le succès.
Ne dit-on pas encore que seul le spectateur, du lieu de prédilection où il se trouve, est en mesure, sans le moindre effort de sa part, de bien diriger le jeu de son équipe favorite. Devant pareil panorama, il ne pouvait donc se tromper. C'est plutôt cette image-là, nette et sans bavures, qui manquera à l'appel chez cet entraîneur qui dirige le jeu de son équipe depuis les limites du rectangle vert.
Passer de l'art de dribler tout son monde à celui d'esquisser une stratégie de jeu pour son équipe coachée, n'est peut-être pas une tentative très séduisante, avouons-le. Il reste que l'artiste qui a pour de bon troqué ses chaussures contre la tunique de chef d'orchestre ne doit jamais vivre sur l'illusion de sa propre renommée ou si brillante carrière pour faire avancer le groupe qu'il a sous la main.
Zinedine Zidane a compris la leçon. Rabah Madjer n'en a plutôt rien saisi !
Le premier connaît le vertige que produit le haut du podium sur lequel il est à plusieurs reprises monté en conquérant et vrai Héros. Le second tente de s'y accrocher, faisant prévaloir le mérite de sa carrière personnelle au lieu et place de ce qu'il doit prouver dans son nouveau job.
Celui-là sait à quel moment il doit anticiper sa décision et à quel moment il doit décider de son retrait de la scène sportive : comme joueur d'abord et ensuite en tant qu'entraîneur. Celui-ci ne sait comment prendre de la hauteur et ses distances avec une carrière professionnelle qui reste incomparable avec celle du premier nommé. Et sur tous les plans !
Celui qui a pris cette bonne habitude de souvent monter sur les plus hautes marches du podium sait à quel moment il doit mettre un terme à sa carrière. Il a cette peur terrible de tout effacer d'un seul trait, parce que ne pouvant réaliser le même exploit que celui qui fut hier encore le sien.
Quant à celui qui s'entête à nager dans les travées de la discipline, contre vents et marais, en tentant de contourner avec ruse les travers de ses propres revers, il ne fera qu'ajouter une autre couche de doutes et de suspicion au sujet de sa capacité à commander ses hommes via la ligne de touche du terrain de jeu.
Quitter le navire, une fois arrimé à bon port, n'a rien à voir avec ce départ précipité lorsque l'embarcation chavire à tout vent. Dans le premier cas, il s'agit d'un bon capitaine, à l'honneur sauf, qui a su garder sa bonne réputation.
Dans le second cas, l'artiste du ballon rond n'a pas su s'élever au niveau de sa grande réputation. Il a perdu les pédales, et le sens de la mesure pour avoir cherché après une promotion qui dépasse ses capacités de grand joueur de football de ces temps si anciens !
Zidane, en habile dribbleur, a pris tout son monde à contre-pied. Il en est resté fidèle à son propre jeu. A sa marque de fabrique ! Quant à Rabah Madjer, il aura manqué de tout faire capoter dans sa carrière footballistique. Dans son rôle d'entraîneur national, le public algérien a du mal à reconnaître l'artiste du ballon rond qu'il fut ! A ce haut niveau, l'erreur est impardonnable !
Savoir gérer sa carrière sportive est désormais une science. N'en déplaise à l'homme de la talonnade pour qui le foot n'a jamais été une science ?! Zidane n'a certes pas fréquenté les célèbres universités ou grandes écoles, mais sa démarche obéit à une analyse où la rigueur scientifique est irréprochable.
Le vrai souci d'un artiste lorsqu'il s'éclipse volontairement de la scène sportive ou médiatique est de savoir convenablement se projeter dans l'histoire. Pour Zidane : c'est déjà fait !
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Posté Le : 27/01/2023
Posté par : rachids