L'élection, mardi à Paris, de la Bulgare Irina Bokova au poste de directrice générale de l'Unesco face au candidat égyptien Farouk Hosni, représente une cinglante défaite pour la diplomatie arabe.
L'incapacité des 22 pays de la Ligue arabe, soutenue pourtant par l'Union africaine et de nombreux autres pays d'Asie, à valider « l'option Hosni » témoigne d'une évidente perte de l'influence de l'ensemble arabe dans les institutions internationales et d'une absence flagrante de crédibilité du personnel politique dûment mandaté pour représenter la région. Le travail de sape avéré mené par les lobbies sionistes pour disqualifier la candidature de Farouk Hosni ne change, bien entendu, pas grand-chose à ce terrible constat d'échec. Evidemment, la remarque vaut également pour l'Algérie. La défaite du ministre égyptien de la Culture est également, pour la machine diplomatique algérienne, un sérieux revers qui sera difficile à avaler. Si Mohamed Bedjaoui, en voulant faire cavalier seul, sort complètement ridiculisé de cette élection après avoir pourtant longtemps brillé sous l'étendard algérien sur la scène internationale, l'Algérie vient une nouvelle fois d'apprendre à ses dépens qu'en politique internationale, il faut oser et faire preuve d'initiative. L'opinion nationale n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi le président Bouteflika a donné son accord à son homologue égyptien pour soutenir la candidature de Farouk Hosni au poste de directeur général de l'Unesco alors que l'Algérie aurait aisément pu participer à l'élection avec son propre candidat, cela d'autant que ce ne sont pas les profils « vendables » qui manquent.Autre question non moins importante : pourquoi soutenir une candidature égyptienne des plus controversées alors que l'Egypte est, depuis peu, le représentant exclusif des Arabes au sein de l'UPM et considère le secrétariat général de la Ligue arabe tout autant que celui de l'Union africaine comme une propriété privée ' Difficile de trouver une réponse logique d'autant plus que Le Caire passe son temps à faire barrage aux initiatives algériennes. Pour l'exemple, tout le monde se souvient encore de la brutalité avec laquelle l'Egypte avait rejeté, en mars 2005, lors du sommet de la Ligue arabe d'Alger, la proposition algérienne de démocratiser le fonctionnement de l'organisation. En contrepartie de toutes les attaques essuyées, le gouvernement a continué à faire régulièrement « la brosse » à l'Egypte et à d'autres pays arabes, au point parfois de donner de l'Algérie l'image d'une nation lèche-bottes, assistée et incapable d'avoir une autonomie de décision ou de défendre seule ses options de politique étrangère. Si ça se trouve et au rythme où vont les choses, il n'est pas impossible de voir l'Egypte ou un quelconque autre pays frapper à la porte de l'Union du Maghreb arabe et y entrer comme on entrerait dans une auberge espagnole.Dans cette logique du laisser-faire, rien n'empêche aussi de voir Le Caire devenir, à terme, le leader incontesté de ce qui est considéré aujourd'hui comme le dernier pré carré de l'Algérie.L'histoire retiendra que les Algériens qui occupent encore des postes importants dans les institutions régionales ou internationales ne sont plus aujourd'hui qu'une petite minorité. Et encore faut-il souligner qu'ils ne sont pas arrivés là où ils sont grâce au lobbying du gouvernement. Seules leurs compétences ont parlé pour eux. L'Algérie, en donnant ainsi l'impression d'avoir renoncé à conquérir de véritables places de pouvoir dans les institutions internationales, confirme le constat amer de nombreux politiques : la diplomatie, pour le pouvoir algérien, n'est perçue que comme un instrument pour légitimer sa politique intérieure. Cela, quel qu'en soit le coût.
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Posté Le : 24/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com