L’heure du jugement Le Revenant est un roman écrit par Salah Mouhoubi, docteur d’Etat en sciences économiques et en sciences politiques.
Le roman retrace, dans une écriture prononcée et pleine d’émotion et de signification, une Algérie qui a pour devoir de renouer avec ses enfants.
En fait, c’est le récit de ces milliers de repentis qui, jeunes pour la plupart, cherchent la rédemption, veulent rompre avec leur passé obscur et recommencer une nouvelle existence.
Ces repentis, ainsi qu’on les appelle, sont représentés par un personnage, celui de Seïf Eddine qui, embarqué dans la terrible entreprise du terrorisme islamiste, décide, au bout de plusieurs années passées au maquis, de se rendre afin de bénéficier de la loi sur l’amnistie. Cette loi de la «rahma» va lui permettre de retrouver sa famille et ses amis.
Mais Seïf Eddine est angoissé à l’idée de retrouver son village. Car il ne s’agit pas de retrouvailles, mais plutôt de confrontation avec sa famille, notamment avec son épouse et son père, fier d’être un ancien moudjahid intransigeant lorsqu’il s’agit de la patrie et de l’honneur.
Jusque-là, la question qui tarabuste le personnage est de savoir comment expliquer à son père son écart de conduite, sa disparition, son absence.
Miné par la culpabilité, Seïf Eddine est perdu, et sa culpabilité s’accentue lorsqu’il rencontre un vieux moudjahid digne comme son père et qui, malgré la menace terroriste, a refusé de céder. La rencontre avec cet homme, symbolique parce qu’il incarne la générosité, la fierté et l’honnêteté, va faire prendre à Seïf Eddine conscience du drame dont lui et ses semblables sont à l’origine.
De retour au village, Seïf Eddine est de plus en plus rongé par la culpabilité, des regards accusateurs, voire de mépris le harcèlent et l’accablent. Son épouse demande le divorce, son père ne pardonne pas et les gens n’oublient pas.
Une alternative, une seule, se présente à lui : le suicide.
En effet, ne pouvant supporter le regard des uns et la conduite des autres, Seïf Eddine, se sentant désormais étranger parmi les siens, met fin à ses jours. Si l’Etat lui a pardonné, la société non, et même lui ne s’est pas pardonné.
C’est dans une Algérie sortie fragilisée d’une longue période de terreur, de barbarie et de tuerie que se déroulent ces événements ; une Algérie qui se cherche et cherche à se réconcilier et avec elle-même et avec ses enfants, ces égarés happés par la spirale du terrorisme.
Le Revenant est un roman, une écriture qui analyse avec minutie et perspicacité l’impact de la concorde civile à la fois sur l’individu (le repenti) et sur la société, qui ne semble pas prête à pardonner.
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Posté Le : 03/09/2004
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com