A la veille de la
nouvelle année, rien à Oran n'indique que 2011 est sur les portes. Aucun indice
signalant que la ville, à l'instar des autres cités du monde, va recevoir le
nouveau venu avec joie et liesse.
Les pâtisseries
du centre-ville, à quelques exceptions, n'ont pas vu utile de confectionner la
fameuse bûche symbole des fêtes de fin d'année. Les magasins des rues
commerçantes n'ont fourni aucun effort pour embellir leurs devantures. Cette année,
même les jeunes qui proposaient des cartes de vÅ“ux, tout au long des arcades,
ont disparu. La tradition de la fête du réveillon, qui n'a aucune connotation
religieuse, est bel et bien en voie de disparition à Oran. Du moins, elle perd
chaque année davantage de terrain. Toute une génération de collégiens, dont
certains sont issus de couples soixante-huitards, n'ont jamais eu l'occasion de
célébrer cette fête. D'autres, plus âgés, y renoncent, chacun en avançant une
raison qui lui est propre. Yacine, jeune médecin, préfère rester chez lui en
famille. Par manque de veine, ses amis les plus proches seront de garde la nuit
du 31 décembre. Donc, cette année, pas de réveillon pour lui, ce qui ne le
dérange pas outre mesure.
Même les offres
de réveillon se font d'une manière très timide cette année. Deux ou trois
hôtels de tout le réseau hôtelier ont fait une annonce dans ce sens. L'un en
accrochant des affiches sur une ruelle très empruntée et l'autre en recourant à
l'annonce dans un journal. Un de ces établissements prend même le soin
d'afficher le prix, …qui n'est pas très persuasif. Sinon, une salle de fête,
tente sa chance cette année, en organisant le réveillon.
Elle mobilise une
brochette de jeunes chanteurs de raï pour attirer la foule. Mais, la tiédeur de
ces annonces attirent beaucoup plus que l'annonce elle-même. Ce qui suppose que
ce marché (de la fête en tant que produit) ne représente rien pour les
hôteliers et les restaurateurs. Interrogé, un professionnel du tourisme, ne
trouvera presque rien à dire sur le sujet.
De son côté, le
ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a affirmé hier qu'aucune
mesure n'a été décidée pour restreindre une quelconque activité à l'occasion de
la nouvelle année 2011. Le ministère «tient à assurer qu'aucune mesure n'a été
dictée en vue de restreindre une quelconque activité», indique un communiqué du
ministère, qui rappelle que les services de sécurité «sont mobilisés en vue
d'assurer la sécurité et la quiétude des citoyens, au quotidien et à toute occasion».
Dans ce contexte,
le ministère a démenti «fermement et énergiquement» l'information «erronée,
grotesque et mensongère» rapportée par un quotidien national dans son édition
de mardi selon laquelle il aurait adressé à ses services une «instruction faisant
obligation aux établissements servant les boissons alcoolisées et non
alcoolisées de fermer à 20h00, la veille de la nouvelle année, et interdisant
aux citoyens fréquentant ces établissements de sortir au-delà de 20h00».
Néanmoins, il
reste une question qui semble ne pas avoir été prise en compte, celle
concernant l'obligation faite à ce genre de commerces de fermer le vendredi,
sans aucune exception. Mais puisque le 31 décembre coïncide avec un vendredi,
l'ouverture de ces commerces sera-t-elle tolérée ?
En tous les cas,
la seule chose palpable à Oran, pour l'instant, comme dans les autres grandes
villes du pays est la circulation automobile infernale qui y prévaut, plus que
de coutume. Signe de préparatifs de fêtes ou simplement à cause des travaux du
tramway d'Oran, ou encore en raison des vacances scolaires, qui peut vraiment
le dire ? Mais la fête est ailleurs, semble-t-il.
En effet, on nous
apprendra que beaucoup de personnes se sont dirigés vers la Tunisie et le
Maroc, spécialement pour passer les fêtes du nouvel an. Parlant de la Tunisie
qui a investi dans le tourisme balnéaire, on nous explique que ses prix défient
toute concurrence parce qu'actuellement les côtes tunisiennes sont horriblement
désertes. Une autre tendance se dessine de plus en plus. C'est celle d'un
réseau de villes algériennes du sud telle que Taghit, Béni Abbès, Timimoun …
Malheureusement, ces petites villes ne disposent pas de capacités d'accueil. «
A Taghit, il y a un seul hôtel de soixante lits ». On nous indique que de plus en
plus de familles de cette palmeraie louent leurs demeures durant les périodes
estivales, hivernales et printanières. Circonscrite dans le temps, la formule
ne peut pas apporter la réponse à une demande de plus en plus grandissante de
découverte du Sud et de quête d'originalité, nous confie un professionnel du
tourisme.
Ainsi donc, en
l'absence d'un marché bien structuré, ceux qui tiennent encore à cette fête se
débrouillent comme ils peuvent en fonction de leurs moyens. Mais pour fuir le
regard inquisiteur du voisin, on préfère aller loin. Et pour le moment, le
Sahara, où il fait bon la journée, est une destination très prisée. Mais pour
la majorité des Algériens, on ne déroge pas aux soirées devant la télé. Dans le
meilleur des cas, en améliorant le menu ordinaire d'un gâteau ou de fruits.
Même les conditions économiques incitent à ne pas trop s'attarder sur une fête
qui réfère à une autre religion…
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Posté Le : 29/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com