« Le rêve israélien de judaïser la Palestine ne se réalisera pas »

Une rencontre entre le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et le président, Mahmoud Abbas, est prévue aujourd'hui. Elle coïncide avec la commémoration de la Nakba. Que peut apporter une telle rencontre à la cause palestinienne 'Les rencontres entre Kerry et Abbas se déroulent dans le cadre de la reprise des pourparlers de paix avec les forces de l'occupation israéliennes suspendus depuis fin mars, parce qu'Israël n'a pas respecté ses engagements, dont celui de libérer le quatrième contingent de détenus emprisonnés avant les accords d'Oslo. La position palestinienne officielle quant à la reprise des contacts est claire. Elle est conditionnée par un engagement de libérer les prisonniers, l'officialisation des frontières et l'arrêt total de la colonisation. Les Etats-Unis sont le médiateur de ces pourparlers. Nous espérons qu'ils jouent, cette fois-ci, un rôle plus positif. Dans les faits, la réalité est qu'Israël veut des négociations pour des négociations. C'est-à-dire sans aucune perspective, ce qui est, pour nous, inadmissible. L'occupant n'a jamais respecté ses engagements. Le dernier a été la libération des détenus, raison pour laquelle le président Abbas a demandé l'adhésion à 15 traités et conventions internationaux.Qu'en est-il de la réconciliation inter-palestinienne évoquée par le Premier ministre israélien comme cause de la suspension des pourparlers 'La réconciliation nationale palestinienne n'est qu'un prétexte pour suspendre les pourparlers de paix qui n'avançaient pas. Quand la division les arrange, les dirigeants israéliens accusent le président Abbas de ne pas représenter tous les Palestiniens et quand la réconciliation est envisagée, elle ne les arrange pas. Ils le critiquent toujours. Ils oublient qu'eux-mêmes ont conclu un accord avec Hamas pour une trêve à Ghaza. La réconciliation est une affaire interne. Nous refusons toute ingérence. L'unité nationale est la demande de tout le peuple palestinien. En réalité, cet accord de réconciliation est une mise en route de ce qui a été convenu lors du précédent accord de Doha, c'est-à-dire la formation d'un gouvernement dirigé par Abbas et l'organisation des élections législatives et présidentielle dans six mois. Conformément à l'accord, le président a cinq semaines pour former le gouvernement et tourner cette page noire de notre histoire.Célébrez-vous différemment la Nakba cette année 'La Nakba a touché toute notre terre. Elle a provoqué l'exil de 70% de notre population et la démolition de 425 villages. Malgré ce drame, les Palestiniens ont pu déclencher leur révolution en s'organisant au sein de l'organisation de libération de la Palestine. Notre peuple a consacré l'idée qu'il n'abandonnera pas ses droits. Depuis, il a obtenu le soutien et la reconnaissance de la majorité de la communauté internationale. Dans les territoires palestiniens, nous sommes dans la phase d'instauration des institutions de l'Etat. C'est un processus qui est long mais dont la réussite est sûre. C'est une question de temps. Israël croyait que les expatriés allaient s'intégrer dans les pays d'accueil et oublier leurs droits et leur identité. Soixante-six ans après, aucun Palestinien n'est convaincu qu'il est ou qu'il peut être un jour israélien et les expatriés croient toujours à leur droit au retour.Mais les Israéliens veulent exiger la reconnaissance de la judaïté de leur Etat...Ils veulent imposer la judéité de l'Etat d'Israël dans le but de priver de leurs droits les Palestiniens de 1948 qui représentent 25% de la population ainsi qu'à l'interdiction de l'application du droit de retour aux autres. Il nous est impossible d'accepter ces exigences. Ce rêve israélien de judaïser la Palestine ne se réalisera pas. Un exemple à donner au besoin et qui nous inspire : l'Algérie. Malgré les 132 ans de colonisation française, les Algériens ont conservé leur identité et libéré leur pays.Quel est le programme de la commémoration de la Nakba 'Des activités sont prévues un peu partout dans le monde où il y a la diaspora et il est difficile de trouver un endroit où il n'y a pas de Palestiniens. En Algérie, nous avons prévu un recueillement au niveau de l'ambassade. En Palestine, beaucoup d'activités sont en cours et ce, pour sensibiliser les nouvelles générations pour qu'elles n'abandonnent jamais, au grand jamais, leurs droits. Parmi les activités, il y aura des visites organisées aux villages éradiqués, des recueillements devant les tombes de martyrs palestiniens et des visites aux cimetières de ces villages qui existent toujours.