Algérie

Le rêve et le cauchemarEdito : les autres articles



Le rêve et le cauchemarEdito : les autres articles
Toutes les fièvres retombent, y compris celle du football. Les explosions de joie à travers le pays après la qualification de l'équipe nationale au Mondial vont très vite laisser place au climat d'incertitude et de malaise qui colle à la peau des Algériens depuis des décennies. Une victoire sur un terrain de football et la perspective de fouler en juin prochain le sol du Brésil, terre mirifique du ballon rond, ne vont pas changer le cours des événements en Algérie ni conjurer l'impasse intégrale dans laquelle a été précipité le pays. Il est clair que la victoire de mardi dernier a été instrumentalisée à fond par les gouvernants pour donner l'illusion d'un pays heureux et démentir tous les classements désastreux de l'Algérie, au niveau mondial, dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.Les hommages rendus au chef de l'Etat et au Premier ministre sont servis jusqu'à satiété dans les médias publics, faisant croire que l'Exécutif en charge des affaires du pays a pour mission vitale d'encourager le football et de développer le nombre de licenciés dans cette discipline. Mettre à son compte des succès footballistiques pour jouir de quelques moments de grâce est de bonne guerre pour les hommes politiques et cela est observé à travers le monde, notamment là où les cotes de popularité sont au rouge. Cependant, il est des obligations et des tâches dont ne peuvent pas se départir les pouvoirs publics, à commencer par celle d'éviter que l'après-match ne tourne à l'hécatombe sur les routes et à des débordements dans l'expression exacerbée de la joie populaire.
Mardi soir, le feu était au vert pour toutes les manifestations, tous les rodéos, même si cela devait connaître des issues tragiques, comme cela été malheureusement enregistré dans plusieurs régions du pays. Pendant plusieurs heures, avant et après le match, l'Etat s'est complètement retiré des espaces publics, laissant les jeunes se préparer à la fête puis descendre dans la rue pour exprimer une joie indicible. Les scènes de liesse exacerbée ne manquent pas de laisser transparaître une profonde rage de dépasser le sentiment de malvie, de désespérance qui ronge des pans entiers de la population pendant toute l'année.
Beaucoup de jeunes qui fêtaient la victoire en brandissant l'emblème national sont de possibles futurs harraga qui n'hésiteront pas à mettre leur vie en danger pour quitter le pays. Comme dans toutes les euphories, le lendemain est toujours fait de dépression, d'abattement. Il faudra alors beaucoup d'ingéniosité aux autorités pour redonner de l'espoir aux citoyens et éviter le caillassage des cortèges officiels. Le rêve brésilien va durer jusqu'à juin, soit un mois après la présidentielle, mais c'est une gageure de compter sur ce fil ténu de l'espoir pour s'autoriser un boulevard politique vers avril 2014. Ce succès au football ne peut pas voiler un bilan politique qui est une série d'échecs dont seuls les simples citoyens, notamment ceux qui ont défilé mardi soir, connaissent l'ampleur et la gravité.




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