Algérie

Le rêve d'Ali Zamoum et de Kateb Yacine revisité



Le musée du Moudjahid de Tizi Ouzou abrite, depuis hier et encore aujourd'hui, une rencontre commémorative dédiée aux deux frères de combat Ali Zamoum et Kateb Yacine. Un événement qui coïncide notamment avec la date anniversaire du décès de l'auteur de "Nedjma", le 28 octobre 1989 à Grenoble, en France.Organisée par l'association Tagmats n Ali Zamoum de Boghni, cette rencontre a permis de revisiter le parcours exemplaire de ces deux militants qui ont, dès leur jeune âge, à 14 ans, milité dans le mouvement national.
La rencontre a commencé par l'ouverture d'une exposition de photos et d'archives retraçant le parcours de ces deux personnages et par une minute de silence à leur mémoire et à la mémoire des chouhada, au carré des martyrs de M'douha. Ce recueillement a été suivi par une rencontre témoignage à la salle de conférences du musée par la famille d'Ali Zamoum et par ses amis.
Dans ce sillage, le président de l'association Tagmats n Ali Zamoum, Lanek Mohand-Akli, a évoqué un hommage rendu à deux grandes figures et monuments de l'histoire nationale et aussi de la littérature algérienne d'expression française.
"Ils ont marqué d'une encre indélébile l'histoire de l'Algérie. Ils ont rêvé d'une Algérie démocratique, sociale et libre. Une Algérie plurielle. Un rêve que nous portons, nous, aujourd'hui", a affirmé M. Lanek, ajoutant que c'est pour sauvegarder leur mémoire que ces deux journées sont organisées.
"C'est un hommage de deux jours pour entretenir leur mémoire et ce, par des témoignages sur leur parcours et surtout leur rôle. C'est aussi une manière de marquer le pas sur l'histoire et dire que ces gens-là méritent que l'Algérie les porte sur la tête", a affirmé M. Lanek.
"Une nation se doit d'être jalouse de ses hommes, et nous sommes jaloux de leur mémoire", a poursuivi M. Lanek, tout en rappelant que c'est Ali Zamoum qui a été à l'origine du retour de Kateb Yacine en Algérie.
"Dda Ali était à l'origine du retour au pays de Kateb Yacine. C'est lui qui a intercédé auprès du président Boumediene pour que Kateb revienne chez lui et il est revenu", a ajouté Lanek Mohand-Akli, qui rappellera encore que Kateb Yacine et Ali Zamoum partageaient tout. "Ils n'avaient absolument rien, mais ils partageaient tout. Du petit pot jusqu'au rêve de l'Algérie. Les deux ont mené une vie d'artiste", a-t-il noté.
Intervenant à cette rencontre, le neveu d'Ali Zamoum, Rabah, auteur du livre Ali Zamoum le juste, a parlé d'un hommage jumelé à Ali Zamoum et à Kateb Yacine. "C'étaient des amis très liés, avec M'hamed Issiakhem qu'il ne faut pas oublier. Pour ce qui est de l'événement, il va y avoir plusieurs interventions pour parler de leur parcours", a expliqué Rabah Zamoum, qui a animé une conférence intitulée "Ali Zamoum, pour exemple".
À travers cette communication, le conférencier a préféré parler des actes d'Ali Zamoum et de son parcours de militant dans le mouvement national. "Après l'indépendance, Ali Zamoum a activé dans de nombreux domaines, et cela mérite, à mon sens, d'être souligné afin d'apprécier le militant", a estimé Rabah Zamoum, expliquant qu'Ali Zamoum et Kateb Yacine avaient milité chacun dans son domaine.
"Certes, chacun avait son propre profil, mais ce qu'il y a lieu de noter, c'est qu'ils étaient militants très jeunes. À 14 ans. Ils se sont engagés très jeunes car ils avaient pris conscience de la nécessité de militer", a-t-il estimé.
"Chacun dans son domaine, ils se sont consacrés pleinement à l'Algérie et au pays avec l'intérêt suprême d'accorder une priorité aux besoins des populations, notamment les ouvriers, les paysans et les nécessiteux."
"L'intérêt actuellement est de faire ressortir, de ce qu'ils ont donné, ce qui va nous servir et servir les nouvelles générations", a conclu Rabah Zamoum.
Présente à cette rencontre, et malgré le poids des ans, la femme d'Ali Zamoum, Nna Ouiza, a reparlé de l'engagement de son défunt mari durant la guerre d'Algérie et de son amitié avec Kateb Yacine.
"J'ai vécu avec Ali mais j'avais aussi adopté tous ceux qui avaient l'habitude de venir chez nous, surtout pour des réunions durant la Révolution. Ils venaient aussi pour laisser des messages à Ali. Avec Kateb, c'était une seule famille. Kateb était souvent à la maison, avec sa femme et son fils Amazigh. Ils étaient comme des membres de notre famille", a-t-elle raconté, tout en rappelant que c'est, dans sa maison, à Ighil Imoula, que la proclamation du 1er Novembre a été tirée.
Hamid Abdelaoui, membre du comité de village d'Ighil Imoula, a parlé, au cours de son intervention, de Dda Ali, le villageois, et de Kateb Yacine, qui venait souvent dans ce village historique.
"Dda Ali et Kateb étaient des monuments de notre histoire. Au village, en 1987, Ali Zamoum était membre du comité de village qu'il a lui-même initié. C'était lui aussi qui était à l'origine de la réalisation de la stèle du village. Il avait, par cet ouvrage, déterré l'histoire car personne n'est venu, à l'époque, dire que c'est dans ce village qu'a été tirée la proclamation du 1er Novembre", a expliqué M. Abdelaoui, précisant que pour la réalisation de ce monument il avait fait appel à des artistes, dont le regretté Ahmed Asselah. "Dda Ali était aussi à l'origine de l'ouverture du centre de santé au village et était quelqu'un de très humaniste et solidaire", a-t-il développé.
"Pour Kateb, on l'avait connu à Ighil Imoula. Il venait souvent avec Dda Ali. Il aimait nous photographier et surtout passer des moments à tadjmâat et parler avec les gens du village", se souvient-il.
À noter qu'en plus des expositions, témoignages et conférence, il y a eu la projection du film Racines du brouillard, qui retrace le dernier voyage d'Ali Zamoum, ses derniers instants où s'entremêlent en condensé le présent et le passé, la lutte contre la maladie et les souvenirs de la lutte pour l'indépendance.
Pour aujourd'hui, et en plus des conférences, les organisateurs ont programmé la projection d'Ali Zamoum, par lui-même. Il s'agit de l'une des dernières interviews où Ali Zamoum témoigne.
"Ali raconte sa vie, l'Histoire de l'Algérie en guerre, son combat, ses espérances, son militantisme avant, durant et après la Révolution. Il raconte aussi son amitié, sa vie de citoyen, des anecdotes croustillantes avec son ami Kateb Yacine", est-il noté dans le programme.

K. TIGHILT


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