Algérie

Le rétroviseur et la peur du gendarme



2020, probablement l'année la plus pourrie que les Algériens sont en train de passer. Oui, une année en noir et blanc. Surtout que le Président a averti que «ceux qui ne veulent pas revenir à la raison craignent la sanction». Et «la sanction sera là», a-t-il promis. «La peur du gendarme, c'est le début de la sagesse; oui, pour regarder dans le rétroviseur de temps à autre, mais pas trop, sinon on va droit dans le mur… », avait confié Tebboune à des représentants de médias nationaux. C'est qu'en ce milieu d'année des plus moroses, tout le monde n'a pas le moral. Tout a mauvais goût. Le nouvel an est intervenu dans un contexte de sinistrose ambiante, avec un monde malade de ses propres contradictions. Surtout que l'argent se met à manquer à tous. Le grand fond est, donc, loin d'être atteint avec, selon l'expression en vogue, «des dégâts collatéraux» non mesurables sur la majorité des peuples dans le monde entier. Alors, comment se préparer à faire face au «mauvais temps » qui s'annonce, surtout pour des pays engagés en plein effort de (re) construction économique, comme l'Algérie ' L'inquiétante perspective désormais probable, à en croire experts et spécialistes des questions énergétiques, d'une dégringolade du prix du pétrole, jusqu'en dessous des 40 dollars fait peser une menace sérieuse sur la poursuite de l'exécution de l'ambitieux programme d'investissements publics (PIP). Les pouvoirs publics, en pleine lancée dans un effort herculéen de développement tous azimuts, risquent bien de se voir stoppés net dans leur élan avec une conjoncture économique internationale pour le moins défavorable. La conjoncture politique actuelle en Algérie, avec les «guéguerres de positions» qui se jouent en coulisses, risquent, il faut le craindre, d'engager le pays dans une fausse route. Et même si l'on (r) assure que les disponibilités financières du pays pourraient «tenir» jusqu'à une échéance, pour d'aucuns optimistes, de deux années, force est de reconnaître que rien n'est moins sûr au vu de la dangereuse dépendance du pays de la matière fossile. Notre économie mono exportatrice qui risque de pâtir gravement de la chute drastique des cours des matières premières, à commencer par l'or noir, place le pays dans une posture qui pourrait bien, à tous points de vue, ressembler à celle du milieu des années quatre-vingt. Pas seulement en termes de tarissement rapide des moyens de paiement extérieurs, mais surtout avec ce risque de retomber dans la spirale de l'endettement (interne et externe) et tout ce que cela suppose comme conséquences négatives sur le développement du pays. La conjoncture actuelle, certes marquée par une amélioration encourageante des équilibres macroéconomiques, si elle met le pays à l'abri (des contrecoups sociaux surtout) pour quelque temps encore, n'en met pas pour autant les 40 millions d'Algériens à l'abri de mauvaises surprises, à court comme à moyen terme.Avec le cartel de l'Opep dans une posture défensive et le jeu malsain des USA, les scénarios les plus optimistes ne tablent pas sur un re-décollage effectif immédiat de l'économie mondiale et, donc, une augmentation substantielle de la demande en énergie fossile, véritable nerf de la guerre de l'Algérie, veiller à ne pas se montrer trop dispendieux est, certes, la moindre des circonspections à observer scrupuleusement. Mais, comment se résoudre à une telle «retenue», pourtant vitale en ces temps de disette, lorsque les besoins essentiels des populations restent encore gigantesques et des retards importants à rattraper dans nombre de segments vitaux de l'économie nationale ' Aussi vrai que la sagesse populaire bien de chez nous (la première loi économique en fait), qui voudrait que celui qui se prive de viande pendant un mois garantit son «blé» pour toute l'année qui suit. A l'échelle d'un pays, la devise vaut le coup d'être méditée, tout en pensant comment léguer à nos enfants un pays au dos pas trop voûté par ses propres contradictions.


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