Le retour du prosélytisme salafiste

Choquant et inquiétant, tels sont les sentiments partagés par nombres de familles oranaises. L'émoi des citoyens qui nous a été rapporté vient en réaction à la 'réapparition' du phénomène du prosélytisme salafiste qui, ces jours derniers, s'affiche de plus en plus ouvertement. Et contre toute attente 'ce travail au corps', fait à nouveau par les partisans d'un ordre moral et politique islamiste ultra rigoriste, est venu en réaction à l'autre phénomène social, celui des milliers de férus algériens du 'clasico' entre pro-Barça et pro-Real, des 'afficionados de football méditerranéen surtout espagnol' qui d'ailleurs ont fêté la soirée et la victoire des blancs du Réal à coup de cortèges de klaxons dans les rues d'Oran. 'Je suis choquée, mon fils qui voulait aller au café du quartier voir le match avec des camarades, a été approché par un groupe de personnes en kamis et barbes et qui lui ont dit que c'était source de division et une mauvaise idée que d'aller suivre le match comme cela', nous raconte une mère de famille et de poursuivre : 'Je suis outrée, à croire que rien ne s'est passé, que l'on a pas souffert de la décennie noire et voilà que cela recommence !' et de dire toute ses craintes sur le retour de telles pratiques. Pour d'autres, en effet, ce qui se passe à malheureusement des accents de déjà-vu. Un jeune homme rapporte que c'est l'imam de la mosquée de son quartier qui lors d'un prêche du vendredi, y a été aussi de son sermon et de sa critique envers les jeunes qui se livrent à de telles passions. 'Je trouve qu'il y a des choses plus graves qui doivent nous mobiliser en tant qu'Algériens et musulmans, par exemple les spéculateurs qui nous affament, la pomme de terre à 120 DA ! Je trouve cela plus choquant' réagit encore notre interlocuteur, chômeur de son état. Dans le fond, ce qui semble faire réagir certains extrémistes, dans ce cas précis, c'est de constater justement la propension des Algériens et des jeunes à vivre, presque en communion, leur passion semblable à d'autres jeunes dans d'autres pays et que leurs centres d'intérêts ne sont pas ceux qu'on voudrait.
L. D.