Algérie

Le retour du cabas



Dans les années 1980, de nombreux Algérien(ne)s en faisaient un commerce, petits soldats de l'import sans registre se déplaçant en groupe à l'étranger munis de cabas, ce contenant précurseur du container qui servait à transporter des produits alors absents en Algérie. Avec la libéralisation des importations, ces Algérien(ne)s se sont retrouvés au chômage et le cabas s'est refermé, ne transportant plus que quelques rares produits, généralement de luxe, à destination d'une petite élite.Ce que l'on appelait à l'époque l'économie du cabas a disparu, mais aujourd'hui que dans son infinie sagesse le gouvernement a décidé de suspendre administrativement près de 1000 produits à l'importation, le cabas qui s'est fermé a souri, ouvrant toute grande sa fermeture Eclair pour accueillir de nouveaux jours.
Surtout, avec l'introduction des nouvelles taxes, augmentations et droits de douane, les prix à l'importation par cabas redeviendront compétitifs et on peut déjà prédire pour l'année prochaine un rush sur les billets d'avion ou de bateau, visas et euros, dollars ou yuans. Une nouvelle économie parallèle qui va se mettre en place, où l'Etat ne gagnera rien, pas même une petite taxe TIC, TAP ou TVA, pas même un droit de douane. Ce retour programmé à la pénurie va s'accompagner d'une hausse de la corruption chez les douaniers, pour faire passer tous ces produits, les plus anciens des douaniers se rappelant ces cabas qu'il fallait inspecter et marquer d'un trait à la craie pour passer à l'acquittement des droits de douane, ou au contraire pour fermer les yeux.
On racontait à cette époque qu'un douanier du port d'Alger avait trouvé 1000 paires de bas pour femmes dans le cabas d'un jeune soldat de l'import, qui pour se justifier, avait expliqué que c'était pour sa femme. Le douanier, expérimenté, lui avait posé la question : «Tu as épousé un mille-pattes '» Les bas ont été saisis et on n'a jamais su quelle femme ou insecte les a finalement portés, femme de ministre ou cousine de douanier.


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