Algérie

Le retard, une chance ?



C'est une tendance des dernières années: de plus en plus d'Algériens émigrés donnent rendez-vous en été à leurs familles en Tunisie. Elle pourrait s'affirmer davantage, à moins qu'une éventuelle ouverture des frontières avec le Maroc ne vienne donner une «diversification» de l'offre pour les Algériens. Pourquoi vont-ils en Tunisie ? Pas besoin d'être un génie pour le comprendre: il y a une offre, des infrastructures et des prix supportables. Pourquoi désertent-ils l'Algérie ? Parce que l'offre n'existe pas vraiment. Et quand elle existe, c'est à un prix tellement onéreux qu'il est plus économique de prendre sa voiture et de faire la queue à la frontière pour passer en Tunisie. Le rapport qualité/prix est si clair que la chose ne se discute pas. L'Algérie dispose du soleil, du sable et de la mer, elle n'a jamais su les vendre comme les Tunisiens ou les Marocains. Que le tourisme puisse devenir une priorité nationale, cela ne se discute pas, qu'il soit important pour l'économie non plus. Le tourisme pourrait être une opportunité sérieuse dans un pays qui ne vit pratiquement que de la rente des hydrocarbures. Nos voisins, avec leurs bilans annuels, nous le montrent suffisamment. Chaque année, les journaux économiques du Maroc et de la Tunisie font la comparaison du nombre de touristes qu'ils ont eus. Les Tunisiens, qui ont eu 6,7 millions de touristes en 2007, constatent qu'ils sont distancés par les Marocains; et qu'ils font les frais du choix pour un tourisme de masse, alors que les Marocains jouent sur la qualité et la diversité des produits touristiques. On s'étonnerait presque de voir nos frères tunisiens si mécontents, alors qu'en Algérie on n'accueille pratiquement pas de touristes. Les chiffres, côté Algérie, font tellement rougir qu'il vaut mieux les taire et constater qu'on est au point zéro. Cela peut être transformé en avantage et tirer les leçons des expériences des autres. Les assises nationales et internationales du tourisme ne manqueront pas d'évoquer les options possibles pour, non pas relancer mais créer tout simplement une activité touristique en Algérie. Pouvons-nous faire de notre retard une chance ? Cela dépend, comme en toute chose, du sérieux de la politique en oeuvre... On aurait beaucoup à apprendre des Marocains et des Tunisiens dont le professionnalisme est remarquable. On peut aussi imaginer des partenariats solides qui permettraient par exemple aux opérateurs tunisiens de diversifier leur offre en Algérie et de rattraper le critère de qualité qu'ils ont perdu au profit des Marocains. Il y a aussi ces centaines de milliers d'Algériens qui partent chaque année ailleurs, qu'il faudra reconquérir. Avoir 20 millions de touristes en 2025 alors qu'on n'en a pratiquement pas aujourd'hui est un défi qui implique une machine huilée et la fin des entraves bureaucratiques.


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