Algérie

Le retard algérien dans les économies d'énergie va devenir critique en 2012 Analyse éco : les autres articles



Le retard algérien dans les économies d'énergie va devenir critique en 2012                                    Analyse éco : les autres articles

L'Algérie consommera en 2019 autant de gaz naturel qu'elle en exporte aujourd'hui. 55 milliards de mètres cubes par an. C'est l'un des trois scénarios de la CREG, la commission de régulation de l'électricité et du gaz naturel. Certes, celui de la croissance la plus forte de la consommation interne,7,1%. Dans le cas d'une croissance intermédiaire, 5%, la demande domestique de gaz naturel se situe à un niveau tout aussi spectaculaire : 45,2 milliards de mètres cubes. L'année 2012 devrait en toute logique être celle d'un grand cri d'alarme. L'Algérie gaspille de l'énergie. Dans des volumes plus importants que tous les pays dans la même situation excédentaire. Le gaz naturel sert à produire de l'électricité, à alimenter des filières industrielles entières - pétrochimie et sidérurgie par exemple) et au secteur résidentiel.
Cette demande dévore depuis des années les volumes qui pouvaient être exportés. Et c'est normal. L'Algérie se développe. Elle devient son propre débouché pour ses matières premières. L'alarme est là. Ce développement est en train de s'emballer. 30 milliards de mètres cubes consommés en 2010. Entre 15 milliards et 25 milliards de plus dans moins de dix ans. Les exportations de gaz naturel, à la peine depuis 4 ans, vont de plus en plus être contraintes par la demande interne algérienne. C'est une évidence pour Bruxelles, et les partenaires énergétiques sud-européens de l'Algérie. Ce sont donc eux qui poussent les premiers aux mesures de bon sens. Les économies d'énergie.
Afin de s'assurer d'une poursuite des approvisionnements algériens au-delà d'un horizon qui se rapproche trop vite. Le sujet a été évoqué récemment lors de la réunion de Youcef Yousfi avec le commissaire européen à l'énergie. L'efficacité énergétique algérienne est la plus mauvaise au Maghreb. Pertes dans les transports, pertes dans le résidentiel, pertes dans l'activité industrielle. Le gouvernement n'a pas encore pris la mesure de l'enjeu. En gros, économiser 100 000 barils jour et 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, change totalement la donne de la balance des paiements algérienne en 2020. Lorsqu'elle devrait cesser, au rythme de gaspillage actuel, d'être excédentaire grâce aux hydrocarbures.
Les campagnes de l'Aprue, pour utiliser des lampes économiques, sont sympathiques. Elles sont très en dessous de la gravité du moment. Si l'Algérie n'entame pas dès 2012 un programme volontariste de confinement de la croissance de sa consommation énergétique, alors elle court très vite à un contre choc «pétrolier». Pire que celui de 1985. Pas par les prix, mais par la faiblesse des volumes disponibles à l'exportation. Les économies d'énergie ne sont pas seulement une opportunité économique qui permet de vendre plus de pétrole et de gaz naturel à l'étranger. C'est aussi une inscription dans la transition énergétique mondiale qui a entamé sa sortie du carbone.
Au Nigeria, le président Goodluck a suivi l'avis de ses experts. 8 milliards de dollars étaient consacrés tous les ans à soutenir le prix domestique du carburant. Il a décidé depuis le 1er janvier de supprimer cette subvention et d'utiliser le budget récupéré à moderniser les infrastructures du pays. Le prix de l'essence passe donc de 0,30 dollar à 0,90 dollar. Un peu fort pour une seule cuillère. Les Nigérians vont se mobiliser contre « la suppression du seul privilège pour une nation productrice de pétrole, rouler à bon marché ». Une erreur ' Le proche avenir le dira. L'Iran a été le premier à entamer une réforme de son système de prix énergétique intérieur. Il est vrai qu'ils partaient de très bas.
L'Algérie a subi la pression de ses partenaires dans la négociation d'accession à l'OMC pour aligner ses prix domestiques de l'énergie sur les prix internationaux. Elle n'est, bien sûr, pas obligée d'aller à cette extrémité. Mais le modèle de « low cost » énergétique sur lequel elle a voulu bâtir une compétitivité à l'internationale n'a pas marché. Même la sidérurgie avec ArcelorMittal à El Hadjar est en danger, en dépit d'un prix «sacrifié» de la fourniture en gaz naturel. L'heure d'une grande révision s'impose. Le maintien du prix du carburant, notamment du gasoil, aussi bas, est une vraie question stratégique. Il est 11 fois inférieur ' au réel - au prix du litre sur le marché français. L'écart des revenus moyens oscille entre 6 et 7.
Les économies d'énergie se conduisent donc par l'effet prix. Mais aussi par les incitations. En faveur de tout ce qui permet de consommer moins d'énergie. Incitations dans l'utilisation des technologies d'isolation thermique dans le bâtiment, dans l'utilisation du solaire domestique (qui ne vient toujours pas), et même dans l'acquisition des véhicules les moins polluants, forcément les moins énergétivores. 2012 est bien l'année de la sonnette d'alarme énergétique. Grand handicap, la motivation pour économiser l'énergie est absente chez les dirigeants d'aujourd'hui. 2019 n'est pas sur leur agenda politique.




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