Algérie

Le réquisitoire du RCD



Le Rassemblement pour la culture et la démocratie dénonce, encore une fois, "la dégradation" de la situation des droits humains et des libertés individuelles et collectives qui, selon lui, "n'est plus à démontrer" dès lors que le nombre de détenus politiques et d'opinion ne cesse de croître. "Près de 400 militants, dont 7 femmes, sont en détention dans les prisons algériennes", soutient-il.Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion de son secrétariat national tenue, hier à Alger, le RCD déplore que la commémoration du 3e anniversaire de la révolution populaire de Février 2019 ait été caractérisée par "une répression sans précédent qui a donné lieu à une vague d'arrestations assimilables à une véritable chasse aux sorcières". "Pour une 'journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie', on ne pouvait faire pire en termes de répression et de terreur, et ce, dans plusieurs régions du pays. Le ridicule a été atteint par ce pouvoir de fait, qui a perdu le sens de la mesure en procédant au détournement, dans la wilaya de Béjaïa, d'un bus de transport universitaire vers un commissariat de police", note-t-on dans le même document.
Evoquant le dossier des détenus d'opinion, dont 46 d'entre eux se sont mis en grève de la faim depuis le 28 janvier dernier, pour faire entendre leurs revendications, la formation de Mohcine Belabbas fustige les tenants du pouvoir, affirmant qu'"au lieu de prendre acte, d'assurer un suivi médical et de répondre à leurs doléances, ils ont fait dans le déni et, en représailles, ont procédé au transfert de certains vers d'autres prisons". Sur un autre registre, les membres de l'exécutif national du RCD reviennent sur le "retrait pur et simple" du site du Journal officiel de la République d'un arrêté ministériel portant liste nationale des personnes et entités terroristes en application de l'article 87 bis du code pénal, après l'y avoir publié la veille. Ils qualifient ce genre de décisions de "tâtonnements, de faux pas et de gestion hasardeuse et dangereuse de la vie politique du pays". Et d'ajouter que "cette violation de droit des plus élémentaires, qui est celui de la présomption d'innocence, constitue une illustration de plus de l'immixtion du pouvoir exécutif dans le domaine des compétences de la justice".
Abordant la situation socioéconomique du pays, le RCD relève que "celle-ci ne cesse de se dégrader dangereusement, jetant des pans entiers de la population dans la misère et l'incertitude", estimant que le pouvoir en place demeure "incapable de se départir de sa logique rentière et de mettre en place une stratégie claire pour impulser la croissance économique".
Dans sa diatribe, le secrétariat national du RCD fait état de "décisions prises au mépris des règles juridiques", citant le cas de celle relative au gel et à la suppression, pour certains produits importés, des impôts et taxes pourtant contenus dans la loi de finances 2022.
"Ces décisions illustrent, on ne peut mieux, la cécité, l'amateurisme et l'incompétence criants qui règnent dans la sphère décisionnelle", a-t-il assené. Il considère, en outre, que "l'allocation d'une prime d'aide aux chômeurs, quoiqu'indispensable, ne peut pallier l'absence d'une politique de l'emploi et dissimuler la paralysie de la relance économique", estimant que "cette mesure, qui en réalité exclut une grande partie des Algériens sans emploi, est loin de répondre aux exigences économiques et sociales des Algériens, y compris bénéficiaires, qui font face à une terrible dégradation de leur pouvoir d'achat et de leurs conditions de vie".
Pour le RCD, le moment choisi pour le lancement de cette opération et la tranche d'âge ciblée n'est, en fait, qu'"une vaine tentative de séduction d'un pouvoir aux abois en direction d'une jeunesse qui lui a définitivement tourné le dos". Preuve en est le départ de 1 200 médecins et de centaines de jeunes harraga qui "ne sont que l'expression d'un désespoir qui gagne de larges couches de la population et d'un divorce consommé avec le pouvoir de fait", a-t-il soutenu.

KAMAL OUHNIA


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