Le Rendez-vous de Doha pour tuer la rumeur

Afin de mettre de l'ordre dans le dossier de l'EN, le tout nouveau président de la FAF dont la tâche immédiate est d faire sortir le football national de sa torpeur, fait un round d'observation avant d'agir.Une semaine après son élection à la tête de la FAF et peu avant la première réunion du bureau fédéral prévue le 30 avril, le nouveau président de la FAF, Charaf-Eddine Amara, veut boucler un dossier urgent : l'avenir du sélectionneur national Djamel Belmadi à la tête des Verts. Bien que l'intéressé n'ait jamais insinué un possible départ après la fin de mission signifiée par les pouvoirs publics au président sortant Kheireddine Zetchi, des cercles proches de ce dernier ont alimenté la rumeur d'une possible démission de Belmadi. Pour ce faire, Charaf-Eddine Amara va rencontrer Belmadi à Doha en marge du tirage au sort de la coupe arabe prévu le 27 avril.
Il aura toute latitude de connaître sa version des choses et surtout préparer l'avenir de la sélection nationale. Bien sûr, cette histoire de démission est complétement absurde. Elle n'existe que dans l'esprit de ceux qui veulent coûte que coûte se maintenir dans les rouages de la FAF et de l'EN. Pour eux, l'intérêt national passe au second plan. Bref, profitant de sa présence au tirage au sort de la coup arabe, Charaf-Eddine Amara va donc avoir une entrevue avec Djamel Belmadi qui réside au Qatar depuis plusieurs années déjà.
"Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), M. Charaf-Eddine Amara se rendra ce samedi 24 avril 2021 à Doha afin de prendre part à la cérémonie de tirage au sort de la Coupe arabe de la FIFA 2021 prévue le mardi 27 de ce mois. Le président de la FAF, qui sera accompagné par le secrétaire général, M. Mohamed Saad, aura à rencontrer les présidents de plusieurs fédérations de pays arabes, notamment la Fédération du Qatar (QFA) avec laquelle la FAF est liée par un mémorandum de coopération.
Par ailleurs, et si le protocole sanitaire le permettra, une rencontre entre Charaf-Eddine Amara et le sélectionneur national, M. Djamel Belmadi, serait au programme en marge de la cérémonie de cette compétition coorganisée par la FIFA et la QFA du 1er au 18 décembre 2021 avec la participation de 22 sélections arabes impliquant uniquement les joueurs locaux", annonce un communiqué de la FAF comme si le président de la FAF avait besoin d'un rendez-vous pour voir un employé, en l'occurrence le sélectionneur national, à moins que ce dernier n'ait pas encore confirmé sa présence à l'entrevue.
Les deux hommes ont certainement besoin de se rassurer et de rassurer surtout l'opinion publique. Le 9 avril dernier, soit moins d'une semaine avant l'élection de Charaf-Eddine Amara, le sélectionneur national Djamel Belmadi avait fait part de préoccupations nées du déroulement du dernier stage de l'équipe nationale (22 au 30 mars 2021) au cours duquel l'équipe nationale avait affronté la Zambie (3-3) et le Botswana (5-0).
Pour Belmadi, dixit la FAF (le communiqué n'est pas signé de son nom), "ce stage s'est déroulé dans des conditions chaotiques ne lui permettant pas d'être dans des positions et dans des dispositions à même de mener à bien ses missions d'entraîneur.
Cela a même perturbé sérieusement les joueurs, ce qui est inadmissible à l'échelle d'une sélection. Tout ce marasme vécu et cette ambiance pesante, en rapport avec les prochaines élections de la Fédération algérienne de football, inquiètent fortement le sélectionneur national qui ne veut pas être mêlé à d'autres considérations en dehors de ses prérogatives, de son cadre professionnel et de ses engagements avec l'équipe nationale".
Du coup, Belmadi, toujours selon la FAF, "ne veut en aucun cas être le soutien de qui que ce soit, ni voir son nom lié ou utilisé dans le cadre d'un quelconque programme, voire pour des desseins populistes, estimant qu'il s'était engagé avec la première sélection du pays uniquement pour des objectifs sportifs bien précis. Cette situation l'inquiète au plus haut point et risque de compromettre sérieusement l'avenir des Verts lors des prochaines échéances".
Le message est clair : Belmadi qui n'a jamais caché son désir de voir le président sortant, Kheireddine Zetchi, poursuivre sa mission à la tête de la FAF, au moins jusqu'à la fin des éliminatoires du mondial (décembre 2021), ne veut toutefois pas que son nom soit exploité soit par la direction sortante ou les candidats à la présidence de la fédération de football. Cependant, des cercles proches de Kheireddine Zetchi ont voulu exploiter tout de même cette sortie médiatique pour lui donner le sens qui les arrange à savoir que Belmadi est démissionnaire.
Un coup subtil de pression afin d'amener les décideurs du pays à accorder un sursis à Zetchi pour poursuivre sa mission jusqu'à décembre prochain. Cependant, le MJS maintient sa feuille de route et le scrutin fafien pour le 15 avril. L'on croyait dès lors que la page est tournée mais voilà qu'un proche et fidèle serviteur de Zetchi, le reponsable de la communication à la FAF, Salah-Bey Aboud, apparaît de nouveau sur un plateau TV pour révéler que "Belmadi est en colère par rapport à tout ce qui se passe à la FAF et qu'il risque même de démissionner". La velléité de chantage est sans équivoque. Belmadi, qui a, pourtant, sans cesse affirmé n'avoir autorisé personne à parler en son nom, ne réagit pas. La rumeur enfle.
L'inquiétude chez les supporters de l'EN, toute auréolé de son dernier sacre africain en Egypte, grandit. Le président de la FAF Charaf-Eddine Amara se mure dans un mutisme total et inexplicable, d'autant plus que Salah-Bey Aboud a même remis en cause, à demi-mot, son élection évoquant la thèse d'un cas Algérie au sein de la FIFA, alors que cette dernière a déjà remplacé sur son site officiel, le nom de Zetchi par celui d'Amara.
Les proches d'Amara disent de lui que ce n'est pas le genre de dirigeant à réagir au taquet. "Il analyse beaucoup, écoute tout le monde avant de réagir", confie un proche. Et avant justement de mettre de l'ordre dans ce dossier de l'EN, le P-DG de Madar, chargé de mission par les pouvoirs publics pour sortir le football national de sa torpeur, prend son temps pour observer...

SAMIR LAMARI