Algérie

Le relâchement appréhendé à Oran



Oran respire après l'annonce, samedi dernier, par le Premier ministre de l'élargissement des secteurs d'activité et l'ouverture des commerces. Hier, la première conséquence visible de cette décision est l'engorgement créé autour des poumons économiques de la ville. Tous les commerces visés par l'instruction d'Abdelaziz Djerad ont repris leurs activités à partir de 9h pour certains et ce sont sept à huit rideaux sur dix qui ont été derechef rouverts au niveau de la commune-mère.À la place Hoche, épicentre des fleuristes, on est encore à nettoyer les kiosques. Rabie, célibataire, mais qui a ses deux parents à charge, indiquant que son "père est diabétique, il a été amputé d'un pied" et que sa "mère souffre d'arthrose", s'inquiète aussi sur l'avenir de son commerce. "J'ai appris qu'on reprenait mais le mal est fait", estime-t-il, indiquant même avoir réellement pensé à changer d'activité tant les pertes subies durant cette période d'inactivité forcée peuvent être irrémédiables.
"Auparavant on travaillait avec l'Etat et à l'occasion des mariages mais avec la conjoncture sanitaire actuelle et la fermeture des salles des fêtes, personne ne peut prédire de quoi sera fait demain". Il affirme avoir perdu 3,2 millions de centimes de marchandises à la fermeture de son kiosque. "La police est venue nous ordonner de baisser rideau sans nous laisser le temps d'écouler notre stock", regrette-t-il.
La même inquiétude est partagée par les commerces des Arcades où s'activent de nombreux magasins de prêt-à-porter et de parfumerie. Dans un magasin de chaussures et de sacs pour femmes, la crainte d'un dépôt de bilan n'est pas éloignée d'autant plus que les charges locatives sont très importantes (les loyers mensuels vont de 13 jusqu'à 30 millions dans le centre-ville d'Oran).
"On ne s'attendait pas à ouvrir pour être tout à fait franc même si des rumeurs sur une éventuelle reprise des activités commerciales avaient circulé ces derniers jours", nous apprend Bachir. Fataliste, il s'en remet à la loi divine et espère une aide de l'Etat quoi qu'elle soit plus de l'ordre de l'hypothétique. "Personne ne se soucie de nous et si je ne trouve pas un compromis avec le bailleur, je ne sais vraiment pas comment faire", explique-t-il, indiquant que le couvre-feu à 17h et l'absence de transport en commun affectent davantage cette reprise.
Pour son voisin, gérant d'un magasin de vêtements pour homme et femme, le manque à gagner est indéniable. "Makanche madkhoul" (Pas de revenus), affirme-t-on, estimant que leur saison est déjà perdue. Eux aussi attendent un geste de la part des pouvoirs publics comme c'est le cas en France. Pertes sèches, obligation de payer les loyers, l'assurance et les impôts ainsi que les employés, la reprise dans l'état actuel des choses n'est pas pour rassurer les commerçants.
Du côté de M'dina J'dida ou de Choupot, et même si la cohue n'est pas encore au rendez-vous, tout le monde s'attend à une affluence record dans les prochains jours sans que les conditions de prévention sanitaire à respecter avec rigueur, rappelées dans l'instruction du Premier ministre, ne soient prises en compte par les premiers concernés. Rappelons que certains commerces n'avaient même pas attendu la décision de Djerad pour ouvrir comme c'est le cas des vendeurs saisonniers de gâteaux traditionnels.

Saïd OUSSAD


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