Lionel Messi a raté sa coupe du monde. Son équipe, l'Argentine, a été
humiliée en quarts de finale par l'Allemagne, et lui-même n'a marqué aucun but
durant toute la compétition, alors qu'il avait illuminé le championnat
d'Espagne et la Champion's League, marquant respectivement trente-quatre et
huit buts et dans les deux compétitions. Cristiano Ronaldo n'a pas
particulièrement brillé non plus. Il a réussi un seul but, très chanceux, face
à la Corée du Nord, et il n'a pas eu l'influence qu'on attendait de lui pour
porter son équipe vers le sommet. Quant à Wayne Rooney, il est passé complètement
à côté, tout comme l'équipe anglaise dont il était le symbole. Rooney n'a ni
marqué ni séduit. Il s'est énervé, insultant les supporters, ce qui l'a
contraint à s'excuser. Il était difficile de reconnaître qui fait les beaux
jours de Manchester United. D'autres stars ont fait naufrage durant la Coupe du
monde 2010, qui a été particulièrement éprouvante pour les célébrités. Kaka a
eu un rendement très faible, et il s'est même fait expulser. Gerard et Lampard
ont peiné pour tenir le coup, Pirlo a peu joué, et Buffon, longtemps considéré
comme le meilleur gardien du monde, a été lui aussi contraint à l'abandon à la
suite d'une blessure. Frank Ribery a, lui, vécu le pire, emporté par le
naufrage de l'équipe de France. Au niveau africain, le Ghanéen Essien, blessé,
était absent, alors que Samuel Eto'o et Didier Drogba n'ont pu qualifier le
Cameroun et la Côte d'Ivoire pour le second tour. Le Nigeria a sombré
individuellement et collectivement. Enfin, un mot des Algériens les plus adulés
: Meghni, blessé, ne faisait même pas partie des 23, alors que Ziani, en manque
de compétition, a constitué un sérieux handicap pour l'équipe. A l'inverse,
d'autres joueurs, moins cotés, ont singulièrement brillé lors de cette
compétition. Les Hollandais Arjen Robben et Wesley Sneijder ont tiré une belle
revanche sur le sort, en éliminant le Brésil, eux qui avaient été sacrifiés par
le Real Madrid qui estimait leur rendement insuffisant. Même s'ils sont connus
des spécialistes, des joueurs de la trempe de Forlan ou Ozil jouent dans des
clubs de seconde catégorie. Sur le marché des transferts, et à l'exception des
Espagnols, peu de joueurs qui ont réussi leur coupe du monde pouvaient espérer
faire l'objet de transactions supérieures à vingt millions d'euros. C'est loin,
très loin, des sommes faramineuses dépensées pour acquérir Kaka, Christiano
Ronaldo, ou même certains joueurs dont les équipes n'étaient même qualifiées en
coupe du monde, comme le suédois Zlatan Ibrahimovic. Faut-il dès lors, franchir
le pas et déduire de là que le Mondial 2010 est celui des humbles, ces modestes
joueurs qui font le football sans attirer forcément les lumières de projecteurs
? La tentation est d'autant plus grande que les quatre équipes qualifiées pour
les demi-finales ne comptent dans leurs rangs aucune superstar. Plus encore,
certaines équipes qui ont forcé le respect étaient précisément privées de celui
qui était considéré comme leur meilleur élément: le Ghana était privé d'Essien,
l'Allemagne a joué sans Balack, et le Paraguay a brillé sans sa vedette,
Cabanas. L'absence d'un joueur clé semble influer doublement le reste de
l'équipe. D'une part, elle fait porter plus de responsabilité sur chaque
joueur, ce qui constitue un élément de motivation supplémentaire pour chacun
d'entre eux. La responsabilité est alors clairement collective. D'autre part,
elle permet au jeu d'être plus fluide, car il est dispatché sur l'ensemble de
l'équipe au lieu d'être axé sur un seul joueur. Il est ainsi difficile
d'imaginer l'équipe d'Allemagne jouer aussi avec la présence pesante de Michael
Balack. Cette manière de voir le jeu n'est pas forcément la seule valable. De
grands joueurs peuvent en effet déverrouiller une situation bloquée, et peuvent
entraîner le reste de leurs partenaires vers le haut. C'est ce qu'a fait Zidane
en 1998 et 2006, et Ronaldo en 2002. Mais la Coupe du monde 2010 a offert
suffisamment de paradoxes pour que l'idée mérite d'être creusée. Au moins pour
savoir si un joueur comme Ziani, sans compétition depuis six mois, ne constitue
pas un boulet pour l'équipe nationale.
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Posté Le : 06/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abed Charef
Source : www.lequotidien-oran.com