Le règne de la malbouffe
L'épreuve culinaire du midi est sobre et frugale. Le fast-food foisonne. Il se décline en petites recettes faciles, fades et indigestes, touillées avec un simplisme désarmant. Sandwichs, casse-croûte, prennent en otages « les masses laborieuses ». Pour longtemps. Un régime de spartiates, monotone et désuet. Les travailleurs picorent plus qu'ils ne se nourrissent. Le risque en prime. Car tout ne se fait pas avec candeur et altruisme, en notre bonne ville. Pas besoin de s'adresser aux nutritionnistes pour dresser le constat. Ils n'auront jamais ce privilège de faire des tirades sur la qualité. Insignifiante ou carrément absente. Elle offense et rabroue. Ose-t-on suggérer une corrélation entre nourriture et santé ? Drôle d'impertinence. A l'évidence, on ne fait pas bombance dans ces tripots mièvres que l'on fréquente à son corps défendant. Les petites fabriques à bouffe tiennent le haut du pavé. Ça vire à la sanction gastronomique. Où sont les neiges d'antan ? s'interroge-t-on avec naïveté. Les cantines, les foyers et autre lieux de restauration pour travailleurs se sont éclipsés, à cause d'une logique bien énigmatique. C'est, désormais, le règne du pire, de la démission et du délestage. Encore un. La malbouffe, c'est du solide. Un créneau d'avenir pour négociants véreux. Une poule aux 'ufs d'or. Un pactole. Sommet de l'inepte et du peu ragoûtant. Une aubaine pour gens malins. La modicité des bourses, les salaires minables, n'arrangent pas les choses. Et à petit mercier, petit panier. Prière de s'adapter. Comme d'habitude. La densité calorique ? Une douce illusion en ce magma d'aliments défraîchis. L'économie vide les assiettes et appauvrit les rations. Un paradoxe et un travers. Dégringolade du citoyen. Les « spins doctors » vous saluent bien ! On se fait lourder par les recettes du fiasco. Franchement affligeant. On le dit sans pathos, ni trémolo.
Posté Le : 09/03/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com