Algérie

Le régime syrien toujours puissant



Le régime syrien toujours puissant
Les soi-disant djihadistes qui se sont constitués en mouvement pour combattre le régime du Président Bachar al-Assad, rangés derrière la bannière du Front Jabhat al-Nosra, ont levé le voile une dernière fois sur leurs intentions en prêtant allégeance
à Al-Qaïda.
Mais pour Barah Mikaïl, directeur de recherche pour le " think tank Fride ", la présence de ces terroristes n'est pas nouvelle. Depuis le début du soulèvement syrien, l'action de ces djihadistes est observée. Faut-il alors réellement songer à envoyer des armes à l'opposition syrienne ' A l'heure où les pays occidentaux affirment leur volonté d'armer plus l'"opposition syrienne, cette allégeance à Al-Qaïda, témoignant ainsi l'objectif ultime de leur combat, est un événement qui sonne comme un rappel pour la communauté internationale. Les informations qui circulent sur Jabhat al-Nosra sont contradictoires et surtout incomplètes. D'aucuns parlent de quelques milliers de membres pour ce mouvement, d'autres de plus de dix mille. De même, certains affirment que cette formation serait majoritairement composée de Syriens, d'autres arguent le contraire. Mais les images et vidéos que l'on peut consulter ont plutôt tendance à mettre en évidence une présence " non-syrienne " forte au niveau de ce mouvement. Ce fait est logique, le " djihadisme " ne reconnaissant les frontières nationales contemporaines, ses rangs sont ouverts à tout combattant volontaire partageant ses objectifs.
Terrorisme en Syrie a commencé avec le " Printemps arabe "
Quant à l'action du mouvement terroriste en Syrie, elle a réellement commencé avec le " Printemps arabe ", dans le contexte dans lequel il a été prouvé que beaucoup de ses membres ont eu un passé dans l'organisation Al-Qaïda en Mésopotamie. En effet, l'allégeance officialisée de Jabhat al-Nosra à Al-Qaïda fait penser à celle opérée en Irak par Abou Mossaâb al-Zarqawi à la fin de l'année 2004. L'allégeance des rebelles syriens à Al-Qaîda, selon nombre d'observateurs, n'est pour autant une bonne nouvelle pour la coalition nationale syrienne, celle-ci ayant soutenu mordicus jusqu'ici, et contre toute évidence, que Jabhat al-Nosra était une organisation légitime soutenue par une majorité de la population syrienne. Il va de soi que le cas de Jabhat al-Nosra ne va pas encourager les soutiens de l'opposition syrienne à leur fournir l'ensemble des armes auxquelles ils prétendent. La méfiance va même
être plus de rigueur.
Les rôles partagés entre Paris, Londres, Washington, Istanbul et les capitales des monarchies du Golfe
Mais il n'y aura pas pour autant de désolidarisation. D'abord une remarque sémantique. Quand le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius parle des " rebelles syriens ", il semble ne pas s'être informé du fait attesté par l'ensemble de la presse, qui lui est favorable, que la majorité des personnes qu'il appelle rebelles ne sont pas syriens du tout. Seconde remarque, soulevée par le journaliste Thierry Meyssan : lorsque M. Fabius dit qu'il veut lever l'embargo sur les armes pour pouvoir en envoyer en Syrie, il masque le fait que c'est déjà le cas : la France a acheminé un grand nombre d'armes en Syrie au cours des deux dernières années, mais l'a fait secrètement et illégalement ". Quand il dit qu'il veut " lever l'embargo ", ça veut dire qu'il veut rendre légale et probablement développer, intensifier, une pratique illégale de la France qui a précédé
" Alors pourquoi aujourd'hui, après s'être beaucoup engagé à Bruxelles et à l'Onu également pour faire avancer son point de vue, il fait machine arrière ' Je pense, souligne Meyssan " qu'il y a plusieurs raisons. La première, c'est que la France a atteint dans les enceintes internationales un certain ridicule. En proposant au même moment de faire voter à New York une nouvelle convention pour réprimer le trafic d'armes international, et alors que la France déployait un certain nombre d'arguments à New York, sur le terrain en Syrie elle faisait exactement le contraire de ce qu'elle prétendait combattre en droit international". Ensuite, il y a certainement une pression extérieure. " La France fait partie, avec le Royaume-Uni, la Turquie, le Qatar, l'Arabie saoudite, du carré d'enragés qui veulent absolument attaquer la Syrie et poursuivre la destruction systématique de ses infrastructures". Mais les Etats-Unis, quant à eux, qui ont largement participé à alimenter ce trafic d'armes au cours des deux dernières années, comme ils le revendiquent eux-mêmes à travers des fuites qu'ils ont organisées, d'abord dans le New York Times, puis dans plusieurs journaux ' donc, les " Etats-Unis essayent au contraire de changer de politique et de montrer que tout ça n'a abouti qu'à des désastres, que si on continue ça sera pire encore. Donc, selon toute vraisemblance, c'est Washington qui a demandé à la fois à Londres et à Paris d'abandonner ce projet de légaliser les transferts d'armes vers la Syrie. L'expérience des Etats-Unis et leurs échecs en Afghanistan, est prise en considération dans ce genre de situation. La Maison-Blanche, dans le cas contraire, se verrait astreinte à déployer ses drones pour traquer les terroristes en Syrie, où ils seront liquidés selon le scénario malien. Washington n'admettra pas la création près d'Israël d'une zone d'islam radical.
Malgré deux ans d'agitation et de violences, le régime du Président Bachar-al-Assad est encore assez puissant, pour maintenir ses positions. En face l'opposition risque de se diviser davantage. Moaz al-Khatib a démissionné. Le Premier ministre, nommé par les opposants, est critiqué de toutes parts, et les dirigenats de l'armée libre syrienne (ALS) viennent de déclarer qu'ils ne reconnaissent pas le chaf du gouvernement de l'opposition Ghassan Heittou. Le geste de la Ligue arabe, pour donner le siège de la Syrie aux opposants et la décision du Qatar de remettre l'ambassade syrienne, à Doha, aux opposants syriens, ne peuvent pas cacher la faiblesse de l'opposition. Les nouvelles venant de l'intérieur de la Syrie concernant l'usage des armes chimiques, par les opposants armés, a renforcé la réticence des soutiens occidentaux de l'opposition, de sorte qu'ils ont diminué, considérablement, le niveau de leur soutien politique et logistique aux rebelles. En effet, Moaz al-Khatib a annoncé, lui aussi, que ce qui l'a amené à démissionner de son poste, c'est que l'opposition n'a plus un soutien international significatif. La question qui se pose est celle du comportement ambigu des pays occidentaux, quant aux événements, qui se produisent, en Syrie. Ils croyaient longtemps que la lutte armée contre le gouvernement syrien faciliterait, très vite, la chute de Damas. Cette fausse évaluation les a amenés à imposer des sanctions très dures à la Syrie et à annoncer, à haute voix, leur intention de soutenir l'opposition jusqu'à la chute du régime syrien actuel.
Cependant, malgré une mobilisation internationale, très large, les événements qui se sont produits, sur le terrain, n'ont pas confirmé les évaluations des capitales occidentales. Le régime syrien n'était pas aussi faible qu'on le corroyait. En dépit du soutien des pays, comme l'Arabie saoudite, aux éléments d'Al-Qaïda, le gouvernement syrien a résisté à toutes les pressions.
Ce qui n'est pas de l'avis du Qatar. Le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, en visite en Allemagne, a demandé que la communauté internationale soutienne davantage les rebelles syriens, dont l'émirat est le premier bailleur de fonds. " Il est important que nous trouvions le plus rapidement possible une solution pour ce conflit, il est important de mettre fin à ce chapitre, que les aspirations du peuple syrien soient réalisées et que la communauté internationale agisse avec clarté et efficacité en ce sens', a dit Hamad bne Jassem, lors d'un point de presse à Berlin, après une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel. Hamad ben Jassem, dont le pays est loin d'être démocratique, a prétendu que si le Qatar soutenait la rébellion syrienne, c'était après avoir perdu l'espoir de voir le président Assad faire des réformes.
" Après le début de la révolution, je suis allé deux fois à Damas, mais nous n'y avons trouvé aucun écho. Nous n'avons acquis que des man'uvres dilatoires de la part d'Assad et nous avons acquis la conviction que la seule solution était une solution militaire ", selon lui.
Position ferme de l'Allemagne
De son côté Angela Merkel a espéré " une solution et des pourparlers politiques. Nous avons discuté de la façon dont nous pourrions réunir les conditions nécessaires. Ces questions sont tout sauf simples ". Elle a en outre souligné que " l'éventualité d'une déstabilisation de toute la région est réelle ".
Tout en remerciant le Qatar pour " son engagement sous des formes très diverses " dans la région, elle a toutefois souligné que l'Allemagne et le Qatar n'étaient pas sur la même ligne " dans les moindres nuances ". Elle a notamment souligné que les livraisons d'armes aux rebelles syriens n'étaient pas envisageables par l'Allemagne pour des raisons légales.
Al-Qaïda,toujours au services des grandes puissances
La situation va s'enfoncer de plus en plus, si l'on tient compte des déclarations du Premier ministre anglais David Cameron qui disait il y a une semaine : "nous ne pouvons pas laisser les islamistes prendre le pouvoir au Mali ". Bien qu'il ait contredit ces commentaires quelques jours plus tard, en disant que ça n'avait pas vraiment d'importance si les islamistes prenaient le pouvoir au Mali. Ce qui explique que les néoconservateurs n'ont pas obtenu leur guerre en Syrie, mais maintenant il semble qu'ils appuient cette intervention au Mali. En effet, l'un des grands mythes dans les relations internationales, c'est que les puissances occidentales étaient comme un seul homme contre Al-Qaïda toutes ces 20/30 dernières années.
C n'est pas vrai. Elles utilisent la menace d'Al-Qaïda pour renverser des régimes laïcs, comme en Syrie et en Libye, ça prend des allures de monstres de " Frankenstein ", et bien sûr, tout remonte à l'Afghanistan dans les années 1980, quand Al-Qaïda et des groupes islamistes radicaux ont été utilisés par l'Occident pour aider à chasser l'Arme rouge. Et cela fait partie de la politique.


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