Algérie

Le régime ne tombe pas, l'opposition ne lâche pas: Référendum dans une Syrie dans l'impasse



Les Syriens sont conviés à se prononcer par référendum sur un projet de nouvelle Constitution alors que la situation sécuritaire se dégrade. Moscou estime que les tentatives d'isoler Bachar Al-Assad et son régime sont contre-productives. La dangereuse impasse syrienne se poursuit.

Alors que la crise syrienne connaît un surplace marqué par une double impasse interne et externe, le président syrien Bachar Al-Assad a fixé au 26 février la tenue d'un référendum sur une nouvelle Constitution devant instaurer un « Etat démocratique » fondé sur le pluralisme. La commission chargée d'élaborer le texte a prévu notamment de limiter le mandat présidentiel à deux septennats, a écrit le quotidien al-Watan proche du pouvoir. Le mandat d'Assad s'achève en 2014 mais on n'a pas d'indications si la limitation s'appliquera à lui-même s'il est évident que politiquement la chose paraît peu probable.

La nouvelle Constitution prévoit la suppression de la clause sur la primauté du Baas et devrait mettre fin au monopole de ce parti depuis près de 50 ans. Elle a été saluée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. « Cette idée (la nouvelle Constitution, ndlr) est la bienvenue et nous espérons que la Constitution sera adoptée… Nous pensons très certainement qu'une nouvelle Constitution qui va mettre un terme à la domination d'un seul parti en Syrie est un pas en avant », a en outre ajouté le ministre russe.

Alors que la situation sécuritaire se dégrade, il est difficile de voir dans ce référendum une fenêtre de sortie d'une impasse grave. Au plan interne, le régime est fortement contesté mais en même temps il ne s'est pas effondré. Il a tenu, par la répression bien sûr, mais aussi parce qu'il dispose d'une base sociale significative qui ne se limite pas seulement aux minorités (alaouites, druzes, chrétiens et chiites). Ses soutiens s'étendent aussi aux sunnites, qu'il ne faut pas présenter sous un jour monolithique et surtout à un appareil d'Etat qui en dépit des défections enregistrées au sein de l'armée ne s'est pas fissuré et reste loyal au régime. On est dans un face-à-face entre le régime et une opposition, pas vraiment unie, où personne n'arrive à l'emporter de manière décisive.

LE QATAR ET L'ARABIE SAOUDITE VEULENT ARMER L'OPPOSITION

D'où cette allure de guerre d'usure qui s'installe. Cette impasse interne n'a pas été contournée au niveau externe où la Russie et la Chine ont entravé un projet défendu par une Ligue arabe passée complètement sous influence des Etats du Golfe. Le Qatar et l'Arabie Saoudite envisagent désormais d'armer l'opposition syrienne en se basant sur une disposition de la résolution votée dimanche appelant à « fournir toute forme de soutien politique et matériel à l'opposition syrienne ». Pour les Saoudiens et les Qataris, l'expression « soutien matériel » recouvre tout y compris des armes. Une évolution jugée dangereuse par une diplomatie d'un pays « hors Golfe ». La militarisation de la contestation justifiée au nom du souci de défendre les civils face à la répression ne fait qu'accentuer la polarisation interne. Elle rend, en tout cas, difficile toute approche politique de sortie de crise. Et sans démarche politique, la Syrie reste enfermée dans la quadrature du cercle : le régime n'arrive pas à stopper la contestation, mais celle-ci n'arrive pas à faire tomber le régime alors que l'action internationale, au sein de l'Onu, n'arrive pas à se faire faute d'entente sur la démarche. Les pays du Golfe ont saisi l'Assemblée générale des Nations unies pour se prononcer sur un projet de résolution condamnant la répression en Syrie. Mais techniquement, une résolution de l'Assemblée générale ne se traduit pas par de l'action. Mais dans le cas où elle est adoptée, les pays du Golfe pourraient y trouver un motif pour aller dans le sens d'une aide militaire aux opposants. L'une des instances de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS), devait se réunir mercredi à Doha, au Qatar, pour désigner un nouveau président ou prolonger dans ses fonctions Burhan Ghalioun.

MOSCOU: UNE GUERRE D'INFORMATION PROPAGANDISTE

L'opposition et ses soutiens extérieurs exigent le départ de Bachar Al-Assad et la « chute du régime » comme un préalable. La faisabilité de cette exigence formulée depuis une année n'est toujours pas évidente. Elle est la source même de la perpétuation de la crise selon Moscou. Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé, hier, que les tentatives de certains pays du Golfe et occidentaux d'isoler le président syrien Bachar Al-Assad et son gouvernement est «une erreur». «Malheureusement, certains de nos partenaires ont depuis longtemps fait une croix sur le gouvernement syrien. Au lieu d'un dialogue, il y a une tentative d'isoler le gouvernement syrien», a déclaré M. Lavrov à l'issue d'une rencontre à Wassenaar, au nord de La Haye (ouest), avec son homologue néerlandais Uri Rosenthal, avant d'affirmer : «C'est une erreur». A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié de calomnieuses des informations sur l'utilisation d'une arme chimique par l'armée syrienne à Homs et sur l'implication de la Russie dans cette affaire. «Moscou a prêté attention aux informations relayées par certains médias, selon lesquelles l'armée syrienne aurait eu recours à un gaz neurotoxique à Homs, sous contrôle d'experts russes. Nous réfutons catégoriquement ces élucubrations. Elles prouvent que la Syrie est victime d'une guerre d'information propagandiste, dont les inspirateurs se servent de tous les moyens et se permettent de lancer des attaques calomnieuses contre la Russie», lit-on sur le site Web du ministère russe.




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