Algérie

Le régime fait diversion


Le régime fait diversion
Le régime syrien semble avoir trouvé la parade pour s'offrir un sursis et pourquoi pas gagner la sympathie des observateurs de la Ligue arabe. Et pour cause, le double attentat suicide qui a fait 44 morts, jeudi à  Damas, est présenté comme une «preuve» de ce que sera la Syrie sans le clan Al Assad. Eh oui, on s'inquiète déjà de la présence (') d'Al Qaîda dans un pays où c'est le régime lui-même qui massacre sa population depuis des mois. Et pour faire les choses en grand, les funérailles des 44 personnes tuées à  Damas ont pris l'allure d'une démonstration grandeur nature que le pays est ciblé de «l'extérieur». Des milliers de personnes ont participé à  la cérémonie funéraire à  la mosquée des Omeyyades, dans la vieille ville de Damas. Signe de cette mise en scène du régime, une foule brandissait des portraits de M. Assad et des bannières du parti Baas et donnait de la voix à  l'extérieur de la mosquée.  De son côté le ministre des Biens religieux, Abdel Sattar Al Sayyed, a lu dans la mosquée (') un communiqué commun publié par des dignitaires religieux chrétiens et musulmans. Ces derniers ont dénoncé «les attentats criminels perpétrés vendredi (...) ainsi que les assassinats, les destructions et le sabotage commis (dans le cadre) d'un complot dangereux ourdi contre la Syrie», et ont appelé la Ligue arabe et l'ONU à  «assumer leurs responsabilités». Réaction spontanée ' Pas sûr pour un régime rompu à  la manipulation. Des observateurs pour ne pas voir…  La délégation de la Ligue arabe, qui a eu à  suivre presque en «live» les attentats «terroristes», a rencontré hier le chef de la diplomatie syrienne, une rencontre qualifiée évidemment de «positive». Les Frères musulmans, eux, n'ont pas hésité à  accuser le régime d'être derrière les attentats et de vouloir lui faire porter la responsabilité de ces attaques. Pour les autorités, la messe est dite : «C'est Al Qaîda». La délégation de la Ligue arabe a été conduite par Samir Seif Al Yazal, adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. «La réunion d'hier matin avec le ministre Walid Mouallem, qui a porté sur les besoins de la mission, a été positive», a affirmé à  l'AFP Jihad Makdissi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. M. Yazal était arrivé jeudi à  Damas pour préparer la mission des observateurs arabes, qui sont attendus demain dans la capitale syrienne. Selon lui, ces observateurs seront «plus de 50 experts arabes dans différents domaines, notamment politique, droits de l'homme, militaire». Alors que l'opposition considère la venue des observateurs comme une manœuvre dilatoire du régime, les Frères musulmans ont accusé hier Damas d'avoir «mis en scène» les attentats de la veille «afin de détourner l'attention (des observateurs arabes) des manifestations hebdomadaires». L'opposition y voit la main du régime Ils l'ont en outre accusé d'avoir «fabriqué de toutes pièces» un autre communiqué revendiquant les attaques au nom des Frères. Il s'agit d'une «page fabriquée de toutes pièces en notre nom sur internet», a déclaré, à  l'AFP, le porte-parole de la confrérie, Zouhair Salem, réagissant à  ce communiqué mis en ligne sur un site internet se présentant comme étant celui des Frères en Syrie.  
Vendredi, le Conseil national syrien (CNS) avait déjà imputé au régime la «responsabilité directe» des attentats, y voyant «un message de mise en garde aux observateurs arabes, pour qu'ils ne s'approchent pas des centres de sécurité». L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a exhorté hier l'équipe de la Ligue arabe à  se rendre «immédiatement» à  Homs, haut lieu de la contestation, après la mort hier de quatre civils «portant des traces de torture». Dans ce climat de suspicion, le bras armé du régime d'Al Assad n'a pas pour autant pas «chômé» puisque au moins treize personnes ont été tuées hier, dont 6 à  Homs, selon l'OSDH. L'Observatoire a aussi affirmé que d'importantes forces militaires avaient «pris d'assaut» la localité de Basr Al Harir et la région d'Al Loujat, dans cette même province. C'est dire que la guerre contre le peuple se poursuit en Syrie, à  l'abri des regards des observateurs arabes, invités dans les salons feutrés de Damas.
 
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