Algérie

Le régime et sa diplomatie de survie


Le régime et sa diplomatie de survie
La question syrienne a repris le chemin de l'international. La Ligue arabe s'est déchargée de sa mission impossible sur le Conseil de sécurité de l'ONU. L'issue était prévisible, mais s'était imposée, le 14 janvier à Tunis, quand l'émir du Qatar s'était déclaré favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie. Ensuite, le retrait des observateurs saoudiens, puis du Conseil du Golfe, confirmait l'option pour un retrait de la Ligue arabe au profit de l'ONU.
La Ligue arabe péchait déjà par ambivalence sur la finalité de sa mission : entre ceux qui, comme les pays du Golfe, souhaitaient aménager une porte de sortie à Bachar al-Assad et ceux qui, comme la plupart des pays du Maghreb, cherchaient à lui procurer le temps nécessaire pour maîtriser la révolte sans trop de dégâts, le rythme de la ligue n'était pas défini.
Ce sont donc les anti-Assad qui ont pris l'initiative de mettre fin à l'expérience des observateurs arabes. Et le maître de Damas les y a beaucoup aidés en redoublant de brutalité répressive et meurtrière.
Dans cette affaire, comme dans les bouleversements qui l'ont précédée, l'Algérie a montré un visage diplomatique désolant, significatif de sa décadence politique des dix dernières années. Après les pathétiques déclarations de Medelci sur 'l'européanité de l'Algérie' devant les parlementaires français, voici la diplomatie algérienne obligée de se démentir, de se décocher des mises au point, parce qu'elle n'est pas d'accord avec elle-même sur le fait que la Ligue arabe jette l'éponge en Syrie au profit du Conseil de sécurité. L'Algérie 'rejette' la décision de la ligue par la voix de l'ambassadeur Hadjar puis se limite à émettre 'des réserves' par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Dans ce cas-ci, on s'attendait à ce que notre diplomatie multivoix se dédise. Car ce que Ibn Khalifa El-Thani veut' l'Amérique le veut. Dieu sait ce que nous devons à l'émir du Qatar, mais on sait que nous devons à l'Amérique une prochaine visite de Hillary Clinton, une visite préélectorale et approbatrice de la nature démocratique des réformes que nos 'partenaires' encensent avant même qu'elles n'existent !
Nous voilà lâchant Al-Assad avant que ne le fassent Moscou et Pékin ! C'est une révolution : souffrir l'ingérence et laisser la Russie et la Chine défendre la souveraineté d'un pays arabe. C'est que l'Algérie n'a plus les moyens de ce qui était sa politique. Elle a désormais une diplomatie finalement tout orientée vers la promotion du régime auprès de ses partenaires influents, vers sa pérennisation aux dépens de la voix du pays. Actuellement, l'astuce consiste à vendre son renforcement autoritaire comme une réforme démocratique auprès des puissances occidentales !' Dans
cette diplomatie de survie, l'Algérie ne peut avoir d'avis sur rien ; ce faisant, elle se met en situation de courir après les évènements.
Dans le monde arabe, on fait ce qu'on peut pour aider les dictateurs à résister aux mouvements de changement tout en ménageant le penchant' révolutionnaire de l'émir du Qatar.
À l'intérieur comme à l'extérieur, le pays navigue à vue. Une vue qui ne porte pas plus loin que la dernière cote du baril.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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