Algérie

Le régime dos au mur



Du côté de la rue, la question est tranchée : pas d'élection présidentielle et pas de dialogue avec les symboles et les relais du régime en place. Des millions de manifestants expriment clairement, chaque vendredi, une détermination sans faille à ne point transiger sur ces revendications fondamentales. Les slogans s'affinent, les actions sont mieux coordonnées, constamment renouvelées, et la cohésion plus nette, malgré les multiples tentatives de division et d'incitation à la violence. En face, le régime s'échine à l'exécution d'une feuille de route inscrite dans l'étroitesse de l'article 102 de la Constitution.Au fil des jours, les options qu'il prône semblent quasiment irréalisables. Le scrutin présidentiel du 4 juillet est déjà compromis. Quels que soient les artifices auxquels penseraient à recourir les pouvoirs publics, il leur sera difficile de le justifier dès lors que le corps électoral refuse massivement d'aller aux urnes dans les conditions politiques actuelles. Comme pour la révision des fichiers électoraux, chaque étape du processus électoral (collecte de parrainages, dépôt des dossiers de candidature au Conseil constitutionnel, proclamation des postulants à la magistrature suprême retenus, campagne électorale?) sera irrémédiablement embrouillée par une forte contestation de rue. Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a consommé un mois sur les 90 jours que lui accorde la Constitution pour organiser la présidentielle, sans peser aucunement sur le cours des événements. Son office s'est restreint à la signature de décrets présidentiels portant limogeages et nominations à des fonctions stratégiques dans les institutions et organismes de l'Etat. Le gouvernement Bedoui active presque dans la clandestinité. Les ministres n'osent plus sortir sur le terrain et affronter la colère des administrés là où leurs déplacements sont annoncés.
À telle enseigne que la nouvelle aérogare de l'aéroport international d'Alger a été mise en service le 29 avril dernier sans une cérémonie officielle marquée par le ministre en charge du secteur. L'infrastructure aéroportuaire devait être inaugurée par l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Depuis la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement, à la fin du mois de février dernier, le Parlement est carrément entré en hibernation. Le bureau de l'APN a tenté d'organiser, jeudi 25 avril, une séance plénière consacrée aux questions orales. Il l'a rapidement annulée face à la grogne des députés de l'opposition, mais aussi de l'opinion publique hostile à toute opération donnant du crédit à l'Exécutif. La justice spectacle et sélective, instiguée par le vice-ministre de la Défense nationale, empreint le climat des affaires d'un malaise profond et accentue le manque de visibilité au sein de la sphère économique et des entreprises de production.
En revenant chaque mardi avec un discours aux antipodes de la volonté du mouvement populaire, Ahmed Gaïd Salah enlise le pays dans une situation de blocage. Pourtant, il devient de plus en plus évident qu'il ne peut retarder encore longtemps la mise en branle d'une période de transition dans la configuration décidée par ses compatriotes. Acculé de jour en jour, il n'a plus les coudées franches lui permettant d'imposer la feuille de route qu'il défend depuis plus d'un mois.

Souhila Hammadi


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)