«Le refus' encourage les nostalgiques haineux»

Ancien député communiste et président d'honneur et fondateur de l'association d'amitié franco-algérienne France El Djazaïr, Bernard Deschamps est, avec un collectif d'associations, à l'origine du colloque qui se tiendra, aujourd'hui et demain à Nîmes, sur l'histoire de la Fédération de France du FLN.-Vous attendiez-vous à cette levée de boucliers de la part d'associations de pieds-noirs et d'élus locaux en réaction à votre
colloque '
Le colloque est maintenu. Il n'y aura pas d'interdiction. L'extrême droite organise une manifestation, mais elle est loin d'exprimer l'opinion des rapatriés et des enfants de harkis. A notre avis, il n'y aura pas d'incidents. Ils n'y ont pas intérêt en raison des élections et de la candidature de Le Pen.
-Pourquoi tant de virulence de la part d'une partie de pieds-noirs ' Pourquoi l'apaisement des mémoires tarde-t-il à se produire '
A mon avis, c'est dû pour une large part aux conditions dramatiques (à cause de l'OAS notamment) dans lesquelles ils ont quitté l'Algérie et aussi à cause des deux lois d'amnistie qui ont empêché que le travail de mémoire se fasse, que le dialogue s'engage, que la compréhension progresse. Le couvercle posé sur la marmite, à un certain moment, explose. Par ailleurs, le refus officiel de la France de reconnaître la malfaisance et les drames causés par la colonisation et des conditions atroces de la guerre 1954-1962 encourage les nostalgiques haineux qui sont confortés dans leur haine rance par la loi du 23 février 2005, même expurgée de son article 4, et par les déclarations xénophobes de plusieurs dirigeants de l'Etat français.
-Qu'est-ce qui a motivé le choix de la thématique de votre colloque '
Nous avons choisi cette thématique parce que c'est un aspect mal connu du grand public et sur lequel travaillent des historiens de haut niveau et des jeunes pleins d'avenir. Enfin, le FLN était très organisé et très actif parmi les mineurs algériens des Cévennes. Alès était un centre important de commandement, et je travaille sur ce sujet depuis plusieurs années grâce à une dérogation qui me permet de consulter les archives sensibles et grâce à mes nombreux amis/acteurs algériens dans le Bassin minier et? en Algérie.