Algérie

Le recul de la lecture, un phénomène universel et algérien



Le recul de la lecture, un phénomène universel et algérien
Le débat sur la lecture publique est à chaque fois étalé sur les tables des colloques. La population ne lit pas beaucoup. C'est le constat établi à chaque évènement consacré au domaine livresque. Aujourd'hui, avec les moyens mis en place par l'Etat, il est plus qu'indispensable d'établir des liens entre lectorat, éditions et librairies. Cela doit passer, selon des observateurs, par l'action du ministère de l'Education nationale avec la pose des premiers jalons, et le concours des parents.La 19e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila-2014), comme sonintitulé l'indique, se tient à Alger, donc loin des autres régions du pays. Constantine attend son année 2015 pour avoir son «salon» et tenter de réussir son défi culturel «du siècle». L'avant-goût de l'évènement d'avril (pour rester dans le créneau livresque) étale des indicateurs plutôt ternes pour une cité millénaire se targuant d'être le creuset d'érudits et penseurs. Et pour cause, aucun signal fort n'incite à renouer avec la lecture publique, cheville pourtant essentielle, or absente des tables de débats, du moins à l'échelle locale. Les milliers d'ouvrages qui se sont alternés dans les communes à travers des bibliothèques n'ont pas ratissé large. Si ce n'est quelques curiosités.Le présent Sila aurait pu donner un aperçu global aux organisateurs locaux et les initier afin d'en tirer des esquisses préliminaires en perspective du jour «J». Il n'en est rien. À vrai dire, dans le microcosme culturel, la lecture détient une modeste place au Centre comme à l'Est. C'est le constat émis par certaines parties qui ont eu l'occasion de sillonner quelques stands à la capitale : le parascolaire reste le morceau de choix pour la plupart des exposants, nationaux particulièrement. C'est encourageant dans un sens et dans la mesure où ça permet aux parents de suivre la progression de leurs enfants à l'école. Quant à la relance de la lecture publique, elle bat de l'aile.Le malaise perdurera tant que les gestionnaires à tous les niveaux des deux tutelles, Culture et Education, n'auront pas réussi à concrétiser l'action commune qu'elles veulent initier et consistant à réintroduire le livre et la lecture au niveau des établissements scolaires. C'est une des conditions si l'on veut ranimer la flamme de la lecture. Hélas, l'idée est là, mais le reste ne suit pas, et les enseignants, déjà absorbés par un volume horaire et une grosse charge de travail, ne peuvent garantir une autre tâche, requérant patience et orientation des élèves sur les thèmes prisés. «Personne n'est contre cette option d'inciter les écoliers à lire au moins un recueil par quinzaine. Mas il faudra disposer de ressources humaines plus ou moins spécialisées au sein desétablissements afin de rendre cette initiative concrète et du coup sérieuse», dira un pédagogue. «La notion de la lecture publique brille le temps d'un salon. Et puis, c'est le désert», renchérit un lecteur.De fait, en dépit de la disponibilité de plusieurs titres d'ouvrages -estampésparfois abusivement par quelques appréciations médiatiques du sceau de «best-seller» sans jauge préalable puisée parmi la courbe de lectorat- la lecture reste minimale. Les villes se dégarnissent peu à peu de librairies avec souventl'impuissance, et dirions même, la passivité des responsables qui ne s'inquiètent pas du tout de la disparition de ces creusets du savoir. Et les quelques librairies qui résistent, sauf de rares exceptions, sont obligées de sacrifier la qualité pour ratisser large en intégrant le parascolaire, lagastronomie, la papeterie, tout ce qui peut se vendre. Ainsi, la problématique de la qualité et de la quantité en matière de production et d'édition a surclassé ces dernières années le vrai débat, celui de la fréquence de lectorat. C'est dans ce sens, selon certains experts, qu'il faudra réorienter la réflexion afin que la fréquentation des bibliothèques et des librairies devienne un réflexe et non une obligation imposée par les devoirs scolaires ou les recherches universitaires. La problématique de la lecture publique est aussi associée à une autre corrélation : l'Etat consacre beaucoup de milliards aux diverses manifestations didactiques en tentant à chaque fois d'inonder le marché en ouvrages. Paradoxalement, certaines bibliothèques, notamment universitaires, se plaignent de l'absence d'ouvrages spécialisés. Un salon du livre bouclera incessamment ses rayons avec ses propres bilans. Une capitale de la culture arabe ouvrira prochainement ses portes avec ses propres perspectives.Le dénominateur commun, la lecture, sera la substance manquante aux deux manifestations, tant que les acteurs directs (institutions, associations, organismes culturels) n'auront pas abordé le problème comme il doit l'être et prôner les solutions qu'il faut...N. H.




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