L'humanité serait-elle en train de scier la branche sur laquelle elle est assise ? Cette éloquente image, chère aux écologistes, pourrait être moins métaphorique qu'il n'y paraît.
Une étude vient en effet de démontrer que le réchauffement climatique conduirait les arbres à compter moins de branches, d'où une plus grande vulnérabilité aux parasites et un cycle de reproduction perturbé : des risques qui mettraient en danger l'avenir de la forêt méditerranéenne, selon cette étude du Cemagref, publiée vendredi 12 août.
Des chercheurs de cet institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement ont abouti à ces conclusions après qu'ils eurent observé en continu le développement saisonnier d'un écosystème de quatre étages de végétations comprenant des pins d'Alep et trois espèces de chênes.
Pour tester les effets de la sécheresse, des zones de 900 m2 d'arbres ont été créées dont certaines ont été privées de 30 % des précipitations grâce à un système de gouttières, tandis que d'autres bénéficiaient de 30 % d'eau supplémentaire par irrigation. Et d'autres parcelles ont servi de zones témoins.
'L'ARBRE PRODUIT BEAUCOUP MOINS DE BRANCHES'
Les chercheurs ont ainsi découvert que la raréfaction des pluies et l'augmentation des températures font que 'l'arbre produit beaucoup moins de branches, [et] est donc affaibli et plus vulnérable aux maladies et aux parasites', selon Michel Vennetier, l'un des auteurs de l'étude.
'Chez les chênes, l'avortement des fructifications compromet leur reproduction', ajoute-t-il. De même, la modification de 'l'architecture de l'arbre', autrement dit sa forme typique, a des conséquences sur la qualité des sols des forêts méditerranéennes. 'Les houppiers [cimes] des pins étant plus clairsemés, le microclimat au niveau des sols est plus chaud et plus sec', explique M. Vennetier.
L'étude, qui s'inscrit dans un projet plus large intitulé 'Drought' (sécheresse, en anglais) mené avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'université d'Aix-Marseille, a également mis en évidence pour la première fois le phénomène de la croissance prolongée des pins d'Alep pendant l'hiver, plus doux depuis quelques années.
Cela a pour conséquence que l'arbre a des pousses inachevées qui sont ensuite abîmées par le gel, des blessures constatées en nombre toujours plus grand depuis une dizaine d'années. Finalement, souligne le Cimagref, la mortalité des pins d'Alep augmente et la composition des forêts est modifiée. Les pins sylvestres, par exemple, ont complètement disparu après la canicule de 2003 sur les versants de basse altitude des régions méditerranéennes.
* Photo : Une forêt autour de Villeneuve-sur-Yonne (France)
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Posté Le : 15/08/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : LeMonde.fr avec AFP / Vendredi 12 août 2011
Source : Le Monde.fr