Algérie

Le réalisateur syrien Hazem à La voix de l’Oranie



«La société arabe a une difficulté dans l’acceptation de l’autre» De Damas à Oran, l’artiste syrien Hazem El Hamaoui, inscrit son voyage dans la magie de l’aventure pour la découverte d’une expression de l’esthétique différente. Cela lui a permis de connaître Oran et ses arts à l’occasion du dernier Salon méditerranéen. Hazem El Hamaoui fait dans l’art plastique, le court métrage et l’art de faire parler l’image. La voix de l’Oranie: Pouvez-vous nous parler de votre spécialité artistique? Hazem El Hamaoui: En vérité, je touche à tout. Car je pratique dans plusieurs domaines artistiques. Ceci de par ma formation dans l’art plastique section «art de l’image». Je suis diplômé de l’université de Damas, un diplôme que j’ai décroché en 2001. J’ai fait aussi dans le théâtre et j’ai préparé un diplôme des hautes études théâtrales que j’ai décroché en 2005. Concernant le cinéma, j’ai suivi des études à l’Institut arabe du film d’Amman (Jordanie). Un passage sanctionné par un diplôme aussi. -Parlez-nous de votre participation à ce Salon méditerranéen? -C’est ma première venue à Oran et ma première participation à cet événement. Je présente un documentaire artistique où je représente la folie de l’homme. Mais au fil des images, le spectateur découvre que c’est plutôt la société qui est folle dans le regard qu’elle porte sur le personnage. J’ai opté pour ce thème parce que cette édition du salon se rapporte à l’art contemporain dans tous ses états. Bien entendu, je ne voulais pas nommer une société précise, ni un endroit précis. -En parlant de l’art contemporain, quelle place occupe ce genre dans la culture des sociétés arabes? -Il a un long chemin à faire pour pouvoir accéder à une place de choix. Notre société arabe a une difficulté dans l’acceptation de l’autre. Admettre sa culture, sa différence aussi, ce qui a engendré chez nous un véritable problème d’appropriation de notre propre culture contemporaine et créer dans un style moderne artistiquement parlant. Nous n’avons pas d’art proprement dit puisque tout ce que nous faisons, c’est reproduire d’anciennes images, coutumes, traditions et qu’on n’invente rien; donc zéro contemporain! -Qu’en est-il de vos participations à d’autres événements? -J’ai participé dans plusieurs villes et pays européens: Copenhague, Italie, Allemagne, Angleterre. Ceci en plus de plusieurs expositions dans le domaine de la caricature à travers des villes syriennes. J’ai participé à plusieurs ateliers notamment ceux des dessins animés et spécialement, celui du célèbre artiste allemand Haus Ralle, une initiative du centre culturel allemand «Goethe» en 2005. J’ai eu la chance de réaliser le décor de la pièce théâtrale «Mort passagère» du réalisateur syrien Nasser Eddine Saleh produite par le Théâtre national de Damas. -Vous mélangez art plastique, réalisation de documentaires et théâtre. Comment faites-vous pour vous retrouver dans tout cela? -Le vrai artiste est celui qui arrive à s’exprimer à l’aide de plusieurs genres ou moyens artistiques. Il ne faut jamais se contrecarrer dans un genre précis surtout qu’un grand défi s’oppose à nous, êtres contemporains. Je pense que le premier pas est d’être un artiste complet et multidimensionnel. -Parlons du documentaire, comment choisissez-vous vos sujets? -Il me revient là une phrase du célèbre caricaturiste français, Plantu qui dit qu’il enviait ses collègues des pays du tiers monde par rapport à la richesse de leurs sociétés, si l’on considère les problèmes qu’ils vivent. La société syrienne, comme toutes les sociétés arabes, a beaucoup de problèmes et je pense que je ne mets pas beaucoup d’efforts à trouver un sujet qui touche principalement l’humanité. Ainsi, j’ai réalisé «La rive droite de cette rue» qui raconte les splendeurs de la ville de Damas, «Oiseaux de pierre» qui raconte l’aventure d’un homme que la société a qualifié de fou, alors qu’on découvre que c’est la société qui est irraisonnable. Dans mes documentaires, je cite rarement les noms des villes. Je travaille dans une optique et une dimension humaine et universelle. -Vous participez à ce salon avec un film documentaire, comment qualifiez-vous cette relation entre l’art plastique et l’image? -J’ai longtemps pratiqué les deux. Je pense que la présence de l’image dans un tel salon demeure actuellement une nécessité. On a plus tendance à faire parler l’image, la laisser parler d’elle-même. Regarder un tableau figé ne suffit plus à présent. Le tableau complète l’image sans pour autant s’interposer. Les organisateurs de ce salon ont compris la relation et ont eu le courage de tenter l’expérience, c’est déjà un bon début. -Les moyens de faire des films documentaires sont-ils accessibles pour vous? -La production demeure le principal handicap de tout réalisateur. Pour cela, j’ai eu un penchant pour le film documentaire où je raconte des histoires simples, parfois même banales à moindre frais. -Qu’es-ce qui motive votre penchant pour le documentaire? -Afin de me rapprocher de la réalité des choses dans ses moindres faits et détails, aller vers d’autres personnes, découvrir leurs problèmes, leurs rêves, leur univers. Le plus profond de l’homme mais aussi de l’humain. Une aventure qui sort de l’ordinaire mais qui m’oblige à ne pas dévoiler mes sentiments ni mes points de vues, mes faiblesses, des fois. -Quelle impression gardez-vous de ce que vous avez vu comme tableau dans ce salon? -J’ai découvert une maturité artistique chez pas mal d’artistes, notamment les artistes algériens. C’est une nouvelle expérience pour moi puisque je connaissais presque rien de l’art plastique ni des plasticiens algériens. J’ai côtoyé ceux des autres pays. Ici plusieurs émotions s’entremêlent, plusieurs courants artistiques aussi, c’est fabuleux. Propos recueillis par Boukhellat Nadia


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