Le réalisateur Mokhtar Ladjimi au Temps d'Algérie

Le Temps d'Algérie : Pourquoi, dans votre film Dicta shot, vous avez choisi un décor à huis en clos pour raconter la révolte en Tunisie 'Mokhtar Ladjimi : Le plus important, c'est le comportement des personnages à travers le récit et comment les événements ont agi sur le comportement des personnages et l'évolution du début jusqu'à la fin du film. A partir du moment où on commence à sentir que quelque chose se passe à l'extérieur, tout change à l'intérieur, notamment après le vol de la télécommande qui a permis aux pensionnaires de découvrir ce qui se passe derrière les murs qui les séparent du monde extérieur, de la réalité. L'idée originale n'est pas tout simplement de faire un huis clos mais de faire évoluer ces personnages à travers la rumeur et malgré les traitements odieux qu'on leur inflige.Est-ce qu'il s'agit d'une métaphore sur la dictature tunisienne ' Exactement. Il y a eu tellement de blagues sur ça pendant des années. En Tunisie pendant des années, on nous a dit ne fais pas ça. D'ailleurs le discours qu'on entend en boucle dans l'asile, c'est pratiquement la langue de bois avec laquelle nous avons vécu en Tunisie pendant des décennies. Il est rare que l'on traite de l'actualité avec l'histoire dans un thème de fiction.Est-ce qu'il s'agit d'une comédie dramatique 'Pas du tout. C'est très délicat. C'est un exercice qui est vraiment difficile. Pour moi, c'est un exercice de style original et difficile à tourner. Je dirais que c'est plus un drame psychologique.Est-ce que vous pensez que les réseaux sociaux ont joué un rôle réel dans la révolution du jasmin 'Ils ont joué un rôle primordial et Facebook existait mais les gens n'osaient pas parler. C'était vraiment très limité. Les réseaux sociaux ne s'étaient pas développés comme pendant les deux années qui ont suivi. Internet était verrouillé en Tunisie. Ce n'était pas évident. Pendant des années, nous avons eu «amar 404», c'est-à-dire qu'internet était coupé. Facebook a joué un rôle très important d'où sa présence dans Dicta shot. C'est un témoignage pour moi, un clin d'?il historique à ce moment donné et précis.