Algérie

Le ratage du Grand Moyen-Orient Conférence sur « les Etats-Unis et les transformations dans le monde arabe »



Au forum d'El Moujahid, hier, le plateau alléchant qui se proposait de faire l'exégèse des « Etats-Unis et des transformations dans le monde arabe », a fait rêver plus d'un dans une assistance toute ouïe et apparemment séduite par la pertinence d'un débat d'une actualité brûlante. Dans son intervention, le professeur de l'université de Californie, Hamoud Salhi, a fait, d'emblée, le constat de l'absence de vision globale et d'une stratégie claire des Etats-Unis, en quête d'un partenariat international qui corresponde au mieux à ses besoins stratégiques en matière de sécurité nationale, de préservation de ses intérêts économiques et de défense des valeurs fondamentales. Sous le slogan en vogue de la démocratisation, le lancement du GMO se justifie par l'échec des régimes arabes présentés, lors du discours sur l'état de la nation, prononcé par Bush, le 24 janvier 2004, comme « un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère » et une « menace pour la sécurité des Etats-Unis et de nos amis ». Le réquisitoire, d'une rare violence, a jeté les bases de la doctrine du GMO qui vise « le remodelage » de l'espace stratégique qui englobe les 22 Etats de la Ligue arabe et les 5 Etats non arabes (Turquie, Israël, Iran, Pakistan, Afghanistan). De l'Irak du démembrement et de la guerre confessionnelle à l'Afghanistan, le modus operandi a semé les germes du chaos global qui consacre l'échec de la stratégie américaine, revue et corrigée par Obama, soucieux de lancer son « new beggining », plaidé le 4 juin, au Caire. Le « tout sauf Bush » se veut un moment privilégié pour « briser le cycle de méfiance » entre le monde musulman et l'Amérique appelés à ne pas « s'exclure » dans un monde « où les extrémistes ne sont plus une menace, où les troupes américaines reviennent à la maison, où Israéliens et Palestiniens vivent en paix dans deux Etats, où l'énergie nucléaire est utilisée à des fins pacifiques, où les gouvernements sont au service de leurs citoyens et où tous les enfants de Dieu sont respectés ». Le leurre idéologique, qui n'a pas tenu le temps de la remise en cause de l'engagement solennel vis-à-vis, notamment, de la question palestinienne, montre clairement l'absence de changement dans la politique américaine qui s'inscrit dans la continuité. Pour le philosophe, Noam Chomsky, Obama ne fait qu'utiliser le style bien rodé de la « page blanche » (black slate), qui consiste à « ne pas dire grand-chose sur le fond, mais en le faisant d'une manière si séduisante qu'elle permet à ceux qui l'écoutent de lire sur la page ce qu'ils veulent entendre ». Fait incontestable : le bilan désastreux du GMO et de la « face cachée des révolutions arabes » domestiquées, a consacré l'émergence de l'islamisme politique légitimée. Le modérateur, M'hand Berkouk, a eu raison de mettre le doigt sur l'engrenage du GMO, rodé selon le vieil scénario afghan : une mobilisation de grande envergure de la multinationale salafiste, l'expertise de la CIA et le financement arabe. Pour toute alternative, « l'automne arabe » prend ainsi la forme de la « soudanisation » ou de l'« ethnisation » à l'irakienne en marche.


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